Russell Brand est un acteur que j'affectionne particulièrement. Pour la grossièreté, l'arrogance et l'irrévérence, il n'y a personne de mieux que cet illuminé britannique - son personnage de chanteur désabusé d'Aldous Snow, qui a vu le jour dans la comédie Forgetting Sarah Marshall, a connu un tel succès sur les écrans qu'on lui a dédié un long métrage complet l'an dernier (Get Him to the Greek : une oeuvre relativement bien réussie, mais incommensurablement impétueuse). Malgré cette admiration que je lui porte, jamais je n'aurais cru qu'il puisse, par la force de son jeu, m'ébranler émotionnellement, me faire verser une larme - ou deux. Dans Arthur, Brand livre une performance sincère et éloquente, il parvient à nous faire croire à ce personnage, pourtant loufoque, du riche héritier qui n'a pas conscience de l'importance de l'argent, aucun respect des conventions et souffre d'une importante dépendance à l'alcool. Même si la trame narrative du film s'avère assez simpliste - voire clichée parfois - l'efficacité de l'ensemble est indéniable et on doit principalement cette réussite au talent (presque) irréprochable de cet étrange plaisantin anglais.
Arthur est le seul héritier d'une fortune de plusieurs milliards de dollars. Puisqu'il accumule les humiliations publiques et les actes irresponsables, sa mère décide de forcer son fils à épouser Susan, une jeune femme d'affaires qui saurait assurer l'avenir de l'entreprise familiale. Arthur, en amour avec une autre femme, s'oppose fortement à cette idée, mais sa mère utilise un argument infaillible pour le convaincre; l'argent. Si Arthur refuse de se marier à Susan, il perd automatiquement tous ses millions et sa vie rêvée. Le jeune fortuné est donc confronté à un débat moral important; l'argent ou l'amour?
Les nombreuses voitures du protagoniste - la Batmobile et la DeLorean de Back to the Future sont sans contredit les plus mémorables - et son sens du rythme inimitable retiennent invariablement l'attention du public. Malheureusement, certaines inégalités et incohérences (sa mère dit comprendre les véritables intentions de sa promise à la fin, alors que cette dernière les avait évoquées clairement dès les prémisses) freinent la productivité générale du récit. On doit par contre se réjouir que l'intrigue ne sombre pas dans la trivialité et l'insanité - comme tant d'autres oeuvres humoristiques avant elle - avec l'excuse injustifiable d'amuser le public, de le divertir « simplement ». Que Jennifer Garner se retrouve fixée à un lit magnétique alors qu'elle porte des tenues légères – et, semblerait-il magnétiques - relève peut-être d'un humour primitif, mais est, sans aucun doute possible, une idée originale, farfelue (et qui s'élève bien au-delà des blagues de premier niveau qui polluent d'office les comédies américaines). Certaines séquences élaborées simplement pour démontrer l'incommensurable fortune d'Arthur - comme cet extrait inutile à la vente aux enchères - ralentissent le déroulement de l'histoire et détournent inutilement l'attention du spectateur.
Arthur, ce remake d'un film des années 80 avec Dudley Moore, est bien loin d'être parfait; son intrigue inégale et ses propos parfois drôles parfois décousus le relèguent à la case du divertissement acceptable. Sans l'authenticité d'un Russell Brand au sommet de sa forme et la douceur d'une Helen Mirren égale à elle-même, le long métrage n'aurait manifestement pas une telle intensité et un humour aussi juste. Parce que la qualité d'une oeuvre et la réponse du public (positive ou non) fait partie des choses qu'on ne peut acheter, qui n'a pas de prix, on applaudit l'effort et souhaite qu'il ne sera pas vain.
Sans l'authenticité d'un Russell Brand au sommet de sa forme et la douceur d'une Helen Mirren égale à elle-même, le long métrage n'aurait manifestement pas une telle intensité et un humour aussi juste.
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