Ce film possède des qualités indiscutables dans sa technique, dans sa composition d'images et dans son jeu d'acteur épuré, mais est tellement long qu'il est effectivement assommant. On se serait probablement contenté de quelques photos et d'un long poème.
On ne peut pas facilement conseiller Nouveau monde, le dernier film de Terrence Malick. Le réalisateur de La mince ligne rouge présente un film contemplatif, très lent dans son développement, avec peu de dialogues et peu d'action. Rien pour plaire à un grand public, mais d'une intensité silencieuse peu commune. La force des images est bien présente, leur simplicité volontaire aussi. Pourtant, Nouveau monde est tellement long qu'il est vite assommant, pourrait définitivement être raccourci à plusieurs endroits, mais en tant qu'oeuvre est un exemple très solide d'un savoir-faire technique et poétique impressionnant. Si le cinéma est de la poésie, c'est comme ça qu'il doit être.
Un navire anglais accoste en Virginie occidentale, en 1607, avec à son bord le capitaine John Smith. Ce dernier sera envoyé par ses pairs vers le village le plus près pour entrer en contact avec les Amérindiens. Il tombera amoureux, et réciproquement, de la princesse du village, la fille du grand chef, qui lui a sauvé la vie.
Les repères temporels sont presque complètement absents de Nouveau monde. La réalisation de Malick est d'ailleurs elle-même très exploratrice au début. Nous voilà aussi perdus que les marins qui débarquent. Le réalisateur perd beaucoup de temps à montrer des lacs, des rivières, des champs et des coutumes amérindiennes. Cependant, il s'agit d'une perte de temps qui n'est pas dénuée d'intérêt. Les moments sans dialogues permettent de réfléchir et d'examiner plus attentivement un scénario pourtant très rigoureux, surtout très probable et pas assez idiotement lyrique qu'à l'habitude. Aussi de poser un certain regard et un certain jugement sur les actions des Anglais, ici très bêtes. Le seul problème, du reste, c'est que la musique qui, en théorie, devrait appuyer les scènes sans dialogues s'avère souvent monotone et fade, surtout complètement inadaptée aux images. Voilà ce qui manque vraiment à Nouveau monde pour être un film aussi grandiose qu'attendu. On aurait même pu parler d'un chef-d'oeuvre.
Les performances de Colin Farrell, Christian Bale et Q'Orianka Kilcher (qui n'a d'ailleurs que 15 ans) donnent le plus souvent dans un sentimentalisme bien senti, loin du mélodrame et du désespoir, mais très près de véritables sentiments. Véritables ou réalistes, on ne sait trop, mais convaincants, certainement. Une attitude stoïciste bien plus réaliste que l'abandon à l'amour des films romantiques habituels. Parce que le dernier film de Malick est un film d'amour, et l'exploration d'un nouveau monde un prétexte.
Dans un monde idéal, il faudrait voir Nouveau monde. Pour son incroyable efficacité technique, sa belle et inhabituelle façon d'aborder une histoire récitée des millions de fois, mais avec beaucoup moins de rigueur, et pour son aspect poétique très contemplatif. Il faut cependant être conscient que l'exercice n'est pas de tout repos - à moins de dormir, et ce n'est pas complètement impossible - qu'il n'est pas pour tout le monde et que Nouveau monde est un film pour public averti, prêt à s'embarquer dans la longue, très longue traversée d'une mer très calme, mais pas dénuée d'intérêt. Quitte à lire de la poésie en chemin.
Ce film possède des qualités indiscutables dans sa technique, dans sa composition d'images et dans son jeu d'acteur épuré, mais est tellement long qu'il est effectivement assommant. On se serait probablement contentés de quelques photos et d'un long poème.
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