Portrait durement réaliste d'une passion bien occidentale : le football, Les lumières du vendredi soir cerne merveilleusement son sujet, jamais le sport préféré des Américains n'a reçu un tel traitement, et n'est miné que par quelques petits détails regrettables. Entre la victoire et la défaite, il n'y a qu'un pouce.
Ardu exercice que celui de présenter efficacement le quotidien d'une équipe de football tout ce qu'il y a des plus américaine, tout ce qu'il y a de plus commune, tout ce qu'il y a de plus authentique. Parce qu'au fond le véritable piège d'un film comme Les lumières du vendredi soir serait de peindre maladroitement la réalité; cette réalité partagée par des millions d'Américains - religion plus que réalité – fanatiques.
Voilà ce que le film raconte : l'histoire, toute simple, d'un village ordinaire du Texas, pour qui le football est une religion, pour qui gagner est primordial, pour qui la vie s'arrête à chaque vendredi soir, à chaque match. Une telle prémisse pourrait aisément tomber à plat, pourtant, parce que le réalisateur utilise sa caméra non seulement pour montrer les actions mais aussi pour les faire vivre au spectateur, tout le propos du film prend une toute autre dimension, celle de la saison impitoyable de football, parce qu'entre une victoire et une défaite, il n'y a souvent qu'un maigre petit pas, qu'une maigre petite seconde.
Sans être moralisateur, le film suit la croisade de joueurs de football du secondaire, différents mais semblables à la fois, qui vivront à travers leur équipe la plus belle des aventures. Le film ne présente pas les joueurs comme membres égaux de l'équipe, et c'est ce que je lui reproche, parce que le football ne peut pas être un sport individuel. Avec ses dialogues soutenus, crédibles et suffisamment intéressants pour maintenir le rythme, le film, déjà, s'assure d'être bien compris et certainement apprécié par une majorité de spectateurs.
Autrement, le réalisateur utilise brillamment sa caméra, il joue avec la profondeur de champ régulièrement et il insuffle de cette façon un rythme serré, intransigeant, au film, rythme qui sera encouragé par un montage souvent nerveux pendent les matchs, mais ô! combien efficace, et habituellement plus calme entre les matchs. Une belle façon de transmettre un tant soit peu la sensation – on en est encore loin, c'est vrai, mais… - d'un vrai match, où tout, par exemple, se jouerait sur un dernier jeu, une dernière chance de tout prouver à tout le monde, d'un seul coup. Voyez ce que signifie un match de football pour ses artisans (entraîneurs et joueurs), ce que signifie la victoire, ce que signifie la défaite pour ses jeunes, des enfants de dix-sept ans, dans un monde où ils sont poussés à leur limite, leur maximum. Le réalisateur a trouvé une sublime façon de partager ce sentiment, il a su se servir de ses jeunes acteurs et a su les diriger pour qu'ils s'offrent, de très beaux moments à voir, par exemple ce père violent qui passe au doigt de son fils sa bague de championnat…un moment touchant, émotivement saturé, magique.
Berg, dans un moment de lucidité et de sagesse surprenant, termine le film merveilleusement, en laissant le silence envahir l'ambiance sonore inébranlable instaurée depuis le tout début du film grâce à une bande originale efficace, parce qu'il n'y a tout simplement rien à dire dans un moment comme celui-là, parce que je n'ai rien à dire moi non plus à ce sujet là, parce que Les lumières du vendredi soir est une réussite alors que le résultat aurait pu être lamentable si aisément, point final.
Portrait durement réaliste d'une passion bien occidentale : le football, Les lumières du vendredi soir cerne merveilleusement son sujet, jamais le sport préféré des Américains n'a reçu un tel traitement, et n'est miné que par quelques petits détails regrettables. Entre la victoire et la défaite, il n'y a qu'un pouce.
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