Un mélange intéressant entre une légende et l'Histoire qui se transforme en un magnifique poème, en plus d'intégrer adroitement des scènes de combat très impressionnantes. Que demandez de plus? Tarantino?
Attention : ne donnez aucun mérite à Quentin Tarantino, la bande-annonce est sur ce point très ambiguë, il n'a absolument rien à voir avec le film, c'est un (très brillant) coup de marketing. Toutefois, force est de reconnaître les qualités du film, en commençant par ses combats ultra-inspirés, ses revirements intelligents, et sa poésie humaniste très efficace.
L'ambiance des combats est merveilleusement implantée, soit avec une musique fascinante, soit avec un code chromatique extrêmement poussé, significatif, comme si quelqu'un, quelque part, en Chine, avait comprit qu'il pouvait se servir de l'image pour implanter dans les spectateurs des émotions. Reste à espérer que cette trouvaille fasse son chemin jusqu'en Amérique. En attendant, l'intérêt du spectateur est sollicité sans répit tellement les couleurs donnent une quatrième dimension aux images, comme si la haute voltige des belligérants n'était pas assez impressionnante comme ça, comme si ce n'était pas suffisant de voir de valeureux guerriers passés maîtres dans le maniement d'armes se poursuivre sur l'eau, il faut le voir pour le croire, et pour le croire il faut se laisser gagner par la beauté inégalable des images majestueuses de la Chine.
Dommage que le film soit miné par un rythme atypique qui risque de ne pas plaire à tout le monde parce que, même s'ils s'éternisent parfois, les dialogues offrent une perspective différente du respect entre les personnages, ajoutant l'honneur à une longue liste de thèmes peut-être réutilisés, mais différents, voire complètement nouveaux, par leur rendu cinématographique. Cette vague de fraîcheur bien méritée est la bienvenue dans une production estivale plutôt monotone, franchement, impossible de faire autrement avec un film qui se rapproche plus de Tigre et Dragon que de tous ce qu'on nous a présenté depuis cinq ans, ce n'est pas moi qui me plaindrai.
Même si la comparaison est facile entre les deux, Héros est incomparable, parce que sa poésie est plus efficace – une mirifique scène lorsque, à la mort d'un personnage, toutes les feuilles dans les arbres tournent au rouge ou alors, lorsque des gouttelettes servent un instant de projectile, pour servir l'instant suivant de larme – parce que son histoire est au moins aussi captivante qu'a pu l'être Tigre et Dragon, et parce que, par sa prose, Héros justifie plus aisément ses combats.
S'il fallait un mot pour résumer toute la vigueur, toute la vivacité du film, pour résumer cette distinguée puissance d'un film moitié-moraliste, moitié-stoïcien, il faudrait dire grandiose, il faudrait dire anobli, il faudrait dire que Héros est, pour l'instant, mon film favori de l'été.
Un mélange intéressant entre une légende et l'Histoire qui se transforme en un magnifique poème, en plus d'intégrer adroitement des scènes de combat très impressionnantes. Que demandez de plus? Tarantino?
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