Si, dans ce nouvel opus, le réalisateur Quentin Tarantino remplace le sang par un flot de paroles, le résultat reste terriblement efficace. Il y a quelques mois sortait sur grand écran un nouveau film de l'enfant prodige de Hollywood, Quentin Tarantino. Après avoir fait sa marque en 1992 avec son premier film Reservoir Dogs, il se présente à Cannes deux ans plus tard avec un film qui passera à l'histoire, Pulp Fiction.
L'hémoglobine caractéristique des films de Tarantino s'efface un peu, dans ce deuxième et dernier volet de Tuer Bill, pour faire place à des longs dialogues explicatifs sur le pourquoi du comment. Certes, les meurtres restent dépourvus de moralité mais, moins de têtes coupées ou de bras arrachés pour agrémenter les séquences. Les diverses scènes que Tarantino crée ont une profondeur visuelle énorme, un style hallucinant qui détruit tout sur son passage.
Le réalisateur a choisi de rendre hommage aux western-spaghettis qui ont fait la renommée de plusieurs réalisateurs italiens, dont Sergio Leone, et cette propension qu'il a à filmer les visages en plans très rapprochés (les yeux seulement, parfois la bouche) permet aux acteurs de bien se mettre en valeur. L'image, dans le film, est toujours travaillée et, pour avoir vu le travail antérieur de Tarantino, cette toute dernière oeuvre est pleine de maturité, probablement la plus mature et méditée de son répertoire, et ce n'est pas peu dire.
Cette tendance à filmer de près les visages donne une opportunité unique aux acteurs d'offrir un jeu nuancé, mais solide, et c'est bien le cas ici. Uma Thurman, dans le rôle de « The Bride », qui poursuit sur les routes terreuses de l'Amérique sa vengeance impitoyable, se permet un déchirement interne tout à fait exemplaire, et cette confrontation, entre elle et Bill, se veut l'un des plus efficace combat de l'histoire du cinéma, alors qu'il atteint son faîte alors que les deux adversaires sont assis, sobrement, sur une chaise. Un moment d'une grande intensité.
Comme la perfection n'existe pas - avouons-le humblement - le film a quelques longueurs par moments. Cependant, l'histoire offre plusieurs moments d'émotion intense et de rebondissements inattendus et, pour les initiés, elle offre encore une fois un discours magnifique, cette fois-ci sur les super-héros, qui contient toute la verve et le cynisme caractéristiques de Tarantino, et qui nous manquaient franchement.
Si, dans ce nouvel opus, le réalisateur Quentin Tarantino remplace le sang par un flot de paroles, le résultat reste terriblement efficace.
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