À voir certaines comédies chaque année, on pourrait penser que le genre n'a plus rien à donner au cinéma. Et puis, de temps à autre, pour nous réconcilier avec l'humour, arrive une comédie déjantée et renouvelée qui propose une nouvelle manière de faire. Mais comme avec toutes les nouveautés, dans tous les domaines, l'acceptation est parfois difficile. Parce que les comédies comme Supermalades ne sont pas pour tous les publics. Vulgaires, irrévérencieuses, impolies et politiquement incorrectes, elles sont avant tout totalement marrantes. L'humour passé à travers le filtre de la postmodernité est le plus rafraîchissant depuis un bon moment. Et après les 40 ans et encore puceau et Grossesse surprise, deux films dans la même veine, la machine est bien rodée.
Seth et Evan sont à quelques jours de la graduation. Les deux inséparables amis n'ont pas été admis à la même université et devront donc se séparer. Mais en attendant, grâce à la fausse carte d'identité de leur ami Fogell (qui se fait appeler McLovin), ils vont trouver de l'alcool pour séduire les filles à un petite fête organisée dans le quartier.
Trouver de l'alcool, coucher avec des filles, voilà qui se rapproche des préoccupations des jeunes. Mais avec ses nombreuses références à la culture américaine et son humour isolent, Supermalades n'est pas une comédie juvénile. Elle est plutôt rigoureuse parce que teintée de réalisme. Le film n'a pas peur de mots, bien sûr, mais il s'applique aussi à rendre palpable, et amusant, le malaise inhérent à l'adolescence. Ce sentiment d'échec perpétuel, de maladresse, cette impression d'essayer sans réussir. Un portrait de la jeunesse authentique et sincère, qui enchaîne des péripéties toutes plus improbables que les autres. Et l'humour de situation audacieux (on n'aura jamais vu, et on ne reverra sans doute jamais, une blague comme celle de la tache de sang sur le pantalon) permet au film d'être jeune jusque dans l'attitude.
L'énergie des interprètes principaux Jonah Hill, Michael Cera et Christopher Mintz-Plasse a beaucoup à voir avec l'efficacité du film, qui se félicite de son look vintage. Les personnages sont riches et conséquents, ils ne s'égarent ni se trahissent pour une blague, même si certaines frôlent l'absurdité. Le scénariste de Grossesse surprise, Seth Rogen, récidive (avec son complice Evan Goldberg) avec un projet presque autobiographique. L'humour est efficace d'un bout à l'autre, les fous rires sont nombreux tandis que, malgré leur allure débonnaire, les personnages lancent quelques mots d'esprit surprenants. La place qu'on réserve à la femme est d'ailleurs impressionnante; ses représentantes étant bien loin des habituelles nunuches des comédies pour adolescents.
Pour se réconcilier avec la police ou pour rougir de honte, Supermalades fait le travail et donne une nouvelle direction au genre comique qui doit, s'il ne veut pas devenir une parodie de lui-même, emprunter la voie de l'audace et de l'inattendu. Autant les stéréotypes sont nécessaires à la comédie, autant ils sont aujourd'hui dépassés. Avec ce réalisme qu'on jalouse, le film en propose de nouveaux, et des meilleurs.
Les comédies comme Supermalades ne sont pas pour tous les publics. Vulgaires, irrévérencieuses, impolies et politiquement incorrectes, elles sont avant tout totalement marrantes. L'humour passé à travers le filtre de la postmodernité est le plus rafraîchissant depuis un bon moment. Et après les 40 ans et encore puceau et Grossesse surprise, deux films dans la même veine, la machine est bien rodée.