Malheureusement, Ridley Scott ne parvient pas à faire de son Gangster américain l'événement cinématographique qu'il pourrait être; derrière deux solides performances, le scénario remâche encore la même sempiternelle histoire sans rien proposer, sinon le savoir-faire de Scott, confirmé à nouveau par l'efficacité de ses choix. Le tout est très bien fait techniquement, mais pas très enivrant.
À la mort de son patron, le criminel Frank Lucas prend la place laissée vacante dans le commerce de l'héroïne dans les rues de New York. Il se rend lui-même en Asie pour importer la drogue, et la revend dans les rues de New York, infestées de junkies et de policiers corrompus. Mais Richie Roberts, policier du New Jersey, compte bien démasquer le plus grand trafiquant de drogues de la région.
Gangster américain, malgré un effort considérable, n'offre rien de bien nouveau dans le genre des drames mafieux. Frank Lucas, le criminel, mène, en dehors de ses activités illicites, une vie exemplaire : il fréquente l'église tous les dimanches, s'occupe de sa mère et est gentil avec sa femme. Son adversaire, le gentil, Richie Roberts a des problèmes familiaux, a un tempérament excessif mais est un policier honnête. Un peu redondant, particulièrement pour l'aspect religieux qui, à défaut de se distinguer, donne une magnifique scène sur le parvis de l'église qui est presque le seul moment vraiment inspiré du film. C'est bien peu pour un film qui s'étire quand même sur 2h37, montrant le lent cheminement des deux côtés de la loi.
Scott demeure un réalisateur talentueux, et son film est loin d'être un échec. Il utilise son immense instinct pour donner du rythme à travers le montage, qui parvient presque à étonner malgré les revirements prévisibles du scénario. Une ou deux fusillades prouvent aussi que Scott, malgré ses erreurs de parcours, sait utiliser le grand écran et manipuler les foules aussi bien qu'à l'époque de Blade Runner.
Avec deux acteurs de ce calibre, difficile de toute façon d'offrir un ratage total. Denzel Washington et Russell Crowe ne se rencontrent que quelques minutes à la fin du film, mais la scène est tellement réussie, tellement enivrante qu'on est frustré d'en avoir eu si peu.
Gangster américain ne supporte pas les comparaisons, avec Le parrain notamment, un film duquel il s'inspire beaucoup (et comment pourrait-on le lui reprocher?) ou avec Agents troubles, de Scorsese, bien plus excitant. Lent, méticuleux, le film fait presque la synthèse du genre policier, corruption, chantage, règlements de compte inclus. Il faut dire que le décor, le très pluvieux New York des années 70, n'aide pas à faire oublier les classiques du genre, qui ne sont pas nécessairement et sans appel « meilleurs » que Gangster américain, mais qui ont en tout cas le mérite d'avoir été produits 30 ans plus tôt.
Malheureusement, Ridley Scott ne parvient pas à faire de son Gangster américain l'événement cinématographique qu'il pourrait être; derrière deux solides performances, le scénario remâche encore la même sempiternelle histoire sans rien proposer, sinon le savoir-faire de Scott, confirmé à nouveau par l'efficacité de ses choix. Le tout est très bien fait techniquement, mais pas très enivrant.