Il y a eu des dizaines de films de ce genre où le simple citoyen, devant la lenteur de la bureaucratie judiciaire, se fait justice lui-même. L'épreuve du courage n'a rien de nouveau à apporter au débat, sinon de mettre de l'huile sur le feu. Et on n'a pas encore parlé de la moralité douteuse de ce film, qui ne dénonce pas assez. Ce qui devrait être un réquisitoire contre la violence est mou et inefficace.
Une animatrice de radio de New York, Erica Bain, est victime d'un attaque sauvage qui la laisse dans un coma et qui coûte la vie à son fiancé. À son réveil, incapable d'en faire le deuil et terrassée par la peur, elle se procure une arme, qui ne tardera pas à servir. Et pendant qu'elle se lie d'amitié avec un enquêteur de la police, elle parcout les rues à la recherche de malfrats à éliminer.
Dans le monde de la critique de cinéma, il ne faudrait pas aborder les questions de morale. C'est au cinéma lui-même et à chaque individu personnellement de le faire. Pourtant, ce film-ci force une incursion dans l'univers du juste et du non-juste; une incursion risquée particulièrement lorsqu'on a affaire à un film aussi démagogue et racoleur que celui-ci. Dans le film, une éloquente ligne ouverte exprime d'ailleurs exactement ce malaise, forcé par le ton manipulateur que prend Neil Jordan pour raconter son histoire et par la simplicité manichéenne, rassurante pour la conscience, qui fait des méchants de vrais salauds, sans mère ni enfant.
Le scénario n'est d'ailleurs pas sans défaut : chancelant, certaines scènes complètement tirées par les cheveux gâchent régulièrement le peu d'ambiance installé par un bon travail à l'éclairage et à la direction-photo. Puis, le gars des vues fait son affaire, et tout tombe parfaitement en place, au grand désarroi d'un peu tout le monde. La finale ridicule termine d'ailleurs le tout sur une bien mauvaise note. Tout n'est pas mauvais cependant; quand Jodie Foster a toute la place, elle s'en tire bien, sans plus. Mais quand le réalisateur Neil Jordan y va de ses effets visuels confus, la plupart des scènes tournent au ridicule.
Les questionnements intérieurs et hésitations du personnage principal sont simplistes; jeter son imperméable et se laver les mains est un peu trop facile pour se débarasser d'une mauvaise conscience. La poésie élémentaire servie par la voix-off d'Erica a quelques moments plus inspirés, mais en général, rien de bien impressionnant.
L'épreuve du courage parle des armes à feu et de la vengeance sans parler de la mort, qui est pourtant incontournable. Espérons que le sujet a été mal cerné, parce que si c'est tout ce que le film avait à offrir, c'est bien peu. On se permettra d'ailleurs, pour conclure, une dernière incursion dans le jugement de valeur : le courage, c'est le pardon, pas la vengeance.
Il y a eu des dizaines de films de ce genre où le simple citoyen, devant la lenteur de la bureaucratie judiciaire, se fait justice lui-même. L'épreuve du courage n'a rien de nouveau à apporter au débat, sinon mettre de l'huile sur le feu. Et on n'a pas encore parlé de la moralité douteuse de ce film, qui ne dénonce pas assez. Ce qui devrait être un réquisitoire contre la violence est mou et inefficace.