Rédiger une critique
Vous devez être connecté pour pouvoir rédiger une critique.
Jeu de miroirs temporel.
Après l’excellent et justement acclamé « Baby Driver », Edgar Wright nous revient avec une proposition de cinéma tout aussi musicale et originale via « Last Night in Soho ». Et on peut lui faire encore une fois confiance pour nous offrir un cinéma de divertissement généreux et différent. C’est le cas ici avec une œuvre à cheval entre plusieurs genres, convoquant aussi bien le fantastique à tendance horrifique, que le thriller, la chronique adolescente ou encore le film d’époque à tendance musical et music-hall. Un long-métrage quelque peu inclassable mais dont les multiples aspirations aboutissent à un résultat homogène et maîtrisé. Sur la plupart des points en tous cas. Car il faut avouer que ce film prometteur déçoit un petit peu et n’est peut-être pas à la hauteur des attentes. En cause, non pas la forme époustouflante qu’il adopte mais plutôt certains aspects du fond qui souffre de quelques scories lui empêchant d’être totalement bon.
En effet, « Last night in Soho” est un peu long à démarrer et ce ne sera pas son seul problème de cadence. Il y a pas mal de longueurs et la fin s’étire également un peu plus que de raison. En gros, ce film de deux heures aurait pu faire presque trente minutes de moins en évitant quelques répétitions et en certains passages dispensables (par exemple, l’héroïne aurait pu directement emménager dans sa chambre de bonne, cela aurait été tout aussi cohérent avec le reste et aurait permis de couper une bonne dizaine de minutes au film). Ensuite, on ne peut s’empêcher d’être déçu d’une fin trop explicative et surtout d’un propos féministe assumé et très en vogue (coucou #metoo!) mais martelé de manière bien trop insistante. A force, tous ces films féministes deviennent une mode; une mode lassante malgré tout le bien que l’on pense de la cause. Enfin, les bascules dans le fantastique puis l’horreur sont un peu brusques et pas toujours bien négociées. Mais Wright ose, essaie et prend des risques avec une histoire tout de même passionnante parce qu’on ne sait jamais où elle va nous emmener. En tout cas durant une bonne partie du film.
Mais le plaisir incontestable que chaque spectateur peut avoir en visionnant ce suspense fantastique entre deux époques, c’est bien sûr avec l’aspect visuel complètement dément mis en place par Wright. Le reconstitution clinquante et opulente du Londres des années 60 est tout bonnement sublime. Les jeux de néons et de lumières, la manière dont son composés (et donc éclairés) les plans qui confine à la perfection ou encore la beauté des costumes et des maquillages enchantent nos pupilles. Un véritable festin visuel! Mais il n’y a pas que la vue qui est sollicitée et flattée avec « Last night in Soho ». La bande originale, comme souvent chez le cinéaste, s’apparente à du caviar pour nos oreilles. Des choix musicaux impeccable et en phase avec le film qui vous donne envie de danser ou de retourner dans ses sixites londoniennes fantasmées. L’intrigue plutôt mystérieuse se suit avec plaisir aussi, entre fausses pistes intelligentes et d’autres moins fines, et on regrette quelques seconds rôles trop archétypaux dont un Matt Smith pas très bon. En somme, un film inattendu qui se pare d’une esthétique flamboyante irréprochable mais qui pêche par certains de ses aspects narratifs pas toujours bien négociés.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.