************* Le film Spiral: From the Book of Saw est offert dans les salles uniquement en version originale anglaise. ***********
Relancer une aussi jeune franchise que Saw (2004) est une idée discutable à la base. Pourquoi toujours vouloir reprendre les mêmes idées plutôt que d'en produire de nouvelles? L'attachement envers cette série de films est-il suffisamment fort pour justifier une telle entreprise? Le box-office (quoique faussé en raison de la pandémie) nous le dira... À savoir si la nouvelle équipe est arrivée à ressusciter décemment la franchise, on peut dire qu'elle a fait du bon boulot dans les circonstances, même si on reste loin de la perfection.
Le nouveau film suit le détective Zeke Banks, responsable de l'enquête sur un tueur en série qui élimine les policiers de son escouade les uns après les autres. Rapidement, Banks réalise que l'assassin qu'il recherche s'inspire des mises en scène sanglantes de John Kramer pour perpétrer ses meurtres sordides. Le bourreau semble s'en prendre aux policiers véreux afin de les punir pour leurs crimes. Le père de Zeke, Marcus, paraît impliquer dans cette histoire d'une manière ou d'une autre.
Les scénaristes Pete Goldfinger et Josh Stolberg, qui nous avaient donné les textes du dernier volet de la précédente franchise (Jigsaw), proposent un mélange adéquat de suspense et d'horreur. Les amateurs de gore seront servis avec ces mises en scène macabres, ces cadavres démembrés et ces effusions de sang, et ceux qui préfèrent une intrigue qui les tient en haleine ne seront pas déçus non plus par l'intensité de la proposition. Reste que l'histoire n'est pas particulièrement originale (même si le dénouement s'avère plutôt surprenant). On aurait espéré un postulat un peu plus téméraire : s'attaquer à des policiers corrompus, c'est un peu trop facile...
De son côté, Chris Rock livre la marchandise dans le rôle principal. Ses répliques corrosives, souvent teintées d'un humour noir, apportent au film un caractère qui lui permet de se différencier des précédents chapitres. Darren Lynn Bousman fait aussi du bon boulot derrière la caméra, développant une ambiance sinistre à souhait.
Malheureusement, les efforts des artistes et artisans ne sont pas suffisants pour protéger le film de cette forte impression de déjà-vu. À force de se répéter, de tourner en rond (ou en spirale), le sujet devient de moins en moins terrifiant, frôlant presque le grotesque. L'idée de Saw en était une bonne (d'ailleurs, on fait quelques références au premier opus tordu dans ce nouveau film), mais avec le temps, le propos a perdu de son impétuosité pour devenir quelconque. Et ça, même Chris Rock n'y peut rien.