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Respire...
Alexandra Aja, de retour au bercail, frappe une nouvelle fois très fort avec son nouveau film à concept, peut-être même l’un de ses meilleurs. Et, au regard de sa filmographie, on peut dire que le frenchie a fait un sans-faute total dans le film de genre. Et s’il ne s’était pas exilé aux USA dès son second film, on aurait vraiment pu dire que la France avait enfin un prodige en son sein capable de donner aux films de genre tricolores ses lettres de noblesse. Soyons chauvins, cela reste le savoir-faire français, même à Hollywood. Mais entre son premier essai dans le slasher, le très perturbant et malsain « Haute tension », son remake radical et extrême de « La Colline a des yeux » ou celui plus amusant de « Piranhas » en passant par l’excellente série B entre terreur et catastrophe sortie l’an passé, « Crawl », chacune de ces incursions dans un sous-genre est couronnée de succès artistique. Il sait bien filmer, il sait bien prendre le pouls de ses histoires pour les retranscrire au mieux et il sait étonner à chaque fois avec des séquences innovantes qui transcende le genre dans lequel elles s’inscrivent. Et « Oxygène » ne déroge pas à la règle, bien au contraire. C’est du bel ouvrage, magistral qui divertit, fait réfléchir et captive.
Aja est malin. Il a profité des complexités de tournage dues à la crise actuelle pour penser à un film avec personnage et lieu unique ou presque, détournant ainsi toutes les contraintes. Il nous a concocté un petit scénario malin et l’a filmé de la meilleure des façons optimisant chaque recoin de son minuscule décor et chaque possibilité de son script. On a donc droit à un huis-clos conceptuel où un personnage quasi seul à l’écran doit se départir d’un danger durant une heure et demie, comme l’ont fait avec brio « Buried » avec Ryan Reynolds ou « Phone Game » avec Colin Farrell. Si ces deux derniers avaient peut-être des légères baisses de rythme, ici même pas. On est scotché à l’écran de la première à la dernière minute, en se demandant constamment ce qui se passe et comment le personnage va bien pouvoir s’en sortir. C’est astucieux, haletant et totalement réussi.
Il y a des rebondissements la plupart du temps renversants qui nous surprennent, même si on est un cinéphile habitué des salles et qu’on voit souvent venir les twists à force de voir des films de tous types. Il y a d’ailleurs un retournement de situation un dans la dernière partie qui est véritablement bluffant. De plus, « Oxygène » s’inscrit dans une veine plus science-fictionnelle qu’Aja s’approprie et qu’il parvient à rendre cohérente de bout en bout. Il fait aussi quelques clins d’œil bienvenus à l’épidémie de Covid-19 (les masques dans le futur et une épidémie bien plus dévastatrice) et à certaines idées complotistes modérées et avérées (la surpopulation et le genre humain qui se meurt au fil des générations). De plus, le visuel est à se damner pour un huis-clos de ce type, on ne peut que saluer les goûts esthétiques du cinéaste qui parvient même à étonner avec un huis-clos! A ce titre, le plan du vaisseau spatial dans l’œil est renversant de beauté et de maestria. Enfin, que serait ce type de film sans un interprète chevronné! Et Mélanie Laurent porte le film de bout en bout avec une ferveur et un sens du jeu clairement irréprochable, elle serait nominée aux prochains Césars pour ce rôle que cela ne serait pas étonnant. Concis, plein de surprises, intelligent et sans défaut majeur, « Oxygène » est du grand cinéma fait avec pas grand-chose d’autre que des idées. Bravo!
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