Il fait bon retrouver cette andouille d'OSS 117 en cette période trouble où notre besoin de rire est presque viscéral. Les blagues misogynes, réactionnaires, racistes et homophobes frappent d'autant plus fort aujourd'hui alors que de puissants mouvements sociaux s'efforcent de faire changer les mentalités. Bien sûr, tout est au deuxième (même troisième et quatrième) degré ici. Voir OSS 117 entrer dans le bureau de l'agence d'espionnage en saluant les femmes avec une tape sur les fesses ou en commentant la grosseur de leur poitrine est tellement inapproprié qu'on finit par en rire, jaune puis à gorge déployée. À noter dans cette scène une référence délicieusement anachronique au mouvement contemporain #metoo.
Nicolas Bedos fait du bon boulot en remplacement de Michel Hazanavicius, mais ce plus récent chapitre est tout de même le moins fort des trois. OSS 117 : Bons baisers d'Afrique (à noter que le titre original est OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire) n'est pas aussi percutant que les deux autres, qui plongeaient dans l'effronterie et l'insolence sans s'excuser. Cette fois, on semble avoir voulu davantage protéger ses arrières. On a tendance à se justifier, notamment en introduisant un nouvel espion woke, bien vite dégoûté par les agissements immoraux d'Hubert Bonisseur de La Bath, puis en faisant du héros un has-been vieillissant et dépassé.
La nouvelle aventure se déroule en 1981. Hubert doit se rendre en Afrique afin de retrouver un autre espion parti en mission et dont l'agence a perdu la trace (ce fameux jeune premier moralement irréprochable). Une fois sortie du pétrin, la jeune recrue - OSS 1001 - devra travailler avec Hubert afin d'assurer la réélection du président Bamba, qui sert les intérêts de la France. Des membres de la résistance chercheront à faire échouer leur plan, mais OSS 117 a toujours un coup d'avance... ou c'est ce qu'il croit.
Si on croit à un certain moment dans le film que OSS 1001 - bien plus politically correct que 117 - sera la relève d'Hubert, Nicolas Bedos nous fait comprendre dans une scène très drôle qu'il n'en est pas question. Pierre Niney fait du beau boulot dans le rôle du jeune espion fringant et respectable. On aime le mépriser. Malheureusement, il ne peut pas sauver le scénario qui manque de profondeur, de viande autour de l'os. Outre quelques vannes cinglantes, les répliques licencieuses du protagoniste tombent trop souvent à plat. Aussi, la finale précipitée (quoiqu'étonnante) ne saura convaincre les invétérés.
On retrouve quand même dans ce nouveau chapitre de formidables références aux vieux James Bond. Le générique et la scène d'ouverture font d'ailleurs écho aux introductions classiques de la franchise 007. OSS 117 : Bons baisers d'Afrique n'est pas un échec, mais il n'est pas aussi fracassant, ni aussi drôle et captivant, que l'ont été les deux précédents opus.