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Désintox subie.
Remarquée avec le sympathique et attachant « Benni » puis consacrée avec le magistral suspense dramatique « Impardonnable » pour Netflix avec Sandra Bullock, la cinéaste allemande Nora Fingscheidt traite cette fois un autre trouble (après l’hyperactivité violente pour son premier film) : l’alcoolisme. En adaptant le roman « L’Écart » d’Amy Liptrot, elle raconte la déchéance d’une jeune femme en proie aux problèmes d’alcool, entre dépendance et addiction, puis sa lente remontée vers la sobriété. « The Outrun » tente pas mal de choses, on ne peut le nier. Mais les choix de la cinéaste sont souvent peu heureux et c’est probablement son film le moins réussi, traduisant beaucoup trop son matériau de base littéraire dont le résultat à l’écran a du mal à s’extraire et s’émanciper. Au début, on a envie d’y croire. Mais plus le film avance, plus l’ennui et le manque d’immersion nous gagnent.
Heureusement la réalisatrice teutonne a choisi une jeune actrice qui n’a de cesse de surprendre avec le temps et qui se révèle de plus en plus indispensable, Saoirse Ronan. L’actrice irlandaise est en effet excellente dans ce rôle complexe qui pouvait vite tomber dans des extrêmes ratés, notamment dans les séquences de débauche. Ce qui n’est jamais le cas. Et « The Outrun » a le mérite de nous plonger dans un décor sauvage rarement vu sur les écrans, celui des îles des Orcades à l’extrême nord de l’Écosse. Un paysage aussi sublime que désolé pourtant pas toujours bien mis en valeur par le long-métrage. Ces quelques qualités mises à part, tout cela nous semble long et répétitif. Surtout que le choix d’un montage aléatoire, entre le passé à Londres et plusieurs formes de présent dans les Orcades quand Rona le personnage principal tente de se sevrer, perd le spectateur. Seule indication tangible : la couleur et la longueur de cheveux du personnage de Rona. Néanmoins, le rendu fait fouillis et fatigue plus que le but probablement voulu : que les séquences se répondent entre elles.
Ensuite, il y a une totale absence de développements ou presque des seconds rôles. On a un petit ami conciliant qui abandonne, une mère très croyante et un père légèrement psychotique mais ces trois personnages se limitent à cette case simpliste sans beaucoup plus de profondeur. En résumé, tout le film tient sur la performance de Ronan, ce qui est compliqué et peut-être un peu trop pour cette grande actrice. La cinéaste a également choisi une voix off omniprésente trahissant encore une fois l’origine littéraire du roman dont elle abuse. Pareillement, les incrustations de moments documentaires ou animés sur les Orcades se fondent mal dans le reste et accentuent encore plus cette impression de bazar formel. Mais le pire dans tout cela, même si la croisade de Rona pour devenir sobre est bien rendue : l’émotion ne nous affleure jamais, « The Outrun » demeurant aussi froid que l’endroit où il se situe. Dans le genre film de désintoxication, revoyons plutôt le sublime « Beautiful Boy » avec Steve Carrell et Timothé Chalamet.