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C’était un projet casse-gueule, tout comme l’était W. d’Oliver Stone sorti en 2008 dans un contexte similaire, mais là où Stone sombrait dans le «human interest» avec Bush pour s’éviter des critiques trop virulentes, Ali Abbasi ose le portrait au vitriol de Donald Trump sans tomber dans l’excès, faisant de The apprentice une biopic somme toute respectueuse d’un homme fortement influencé de son entourage et qui finira par tous les surpasser en bassesses.
La force du film réside dans cette relation trouble que le jeune homme d’affaire noue avec un avocat qui n’hésite pas à faire chanter des juges et des politiciens pour remporter des causes perdues d’avance. Cette relation maître-élève donne toute sa saveur au film et l’empêche de sombrer dans l’anecdote. Le scénariste Gabriel Sherman en fait une étude de personnages où l’époque et la ville jouent un rôle majeur, permettant à Ali Abbasi de mettre en images l’exubérance à laquelle on est en droit de s’attendre d’un tel sujet.
Sebastian Stan est bluffant, c’est Donald Trump qu’on voit. Jeremy Strong, pour sa part, porte la courbe dramatique du film sur ses épaules. Il parvient même à nous émouvoir à la fin malgré la cruauté de son personnage. Compte tenu de tous les défis auxquels ce film était confronté, The apprentice est une grande réussite : drôle, grave et pertinente. C’est à voir !
Piqure de rappel pré-élections.
Dans un monde où les œuvres engagées et contestataires se font plus rares et où la liberté d’expression semble parfois devenir chose du passé, faire une œuvre à charge contre l’ancien Président américain et magnat Donald Trump qui va possiblement diriger de nouveau la « plus grande démocratie » du monde est osé, une petite gageure assez courageuse même. Ou suicidaire... Et visiblement beaucoup d’acteurs, de producteurs et de cinéastes ont botté en touche. C’est le très versatile cinéaste danois d’origine iranienne, Ali Abasi, qui s’est acquitté de la tâche avec beaucoup d’efficacité. On l’a découvert avec le drame étrange avec des trolls (!) « Border » et il a été consacré avec l’immense thriller tourné en Iran « Les Nuits de Mashad », qui lui avait valu se première sélection cannoise en compétition officielle. Rebelotte avec ce biopic sur les jeunes années de Trump qui est tout autant une chronique des années où le capitalisme sauvage a, au choix, gangréné ou sauvé le pays. Et notamment la ville de New York où se déroule la majeure partie du long-métrage...
C’est Sebastian Stan qui a eu le courage d’accepter d’endosser le rôle principal du film qui a pris comme titre une émission de télé-réalité produite et tournant autour du magnat à la mèche orangée. Un choix audacieux pour un acteur qui se bonifie avec le temps et dont les choix sont de plus en plus passionnants hors du Marvel Cinematic Universe où il incarne Soldat de l’hiver. Loin de l’imitation gestuelle facile ou du mimétisme physique forcé et ridicule, il est un Donald Trump étonnamment crédible qui s’avère d’une naïveté confondante (et parfois touchante) par instants et un monstre d’égoïsme et de bêtise doté d’un dédain abyssal le reste du temps. Le portrait est à charge certes mais jamais excessif ou trop accablant, plutôt nuancé et instructif même. Et c’est la force du film : on y croit, c’est réaliste et le jeune Trump représenté ici porte toutes les semences de l’homme extrême et facétieux que l’on connaît aujourd’hui.
Stan n’est cependant pas seul à briller car le film fonctionne sur un habile duo qui représente la rencontre puis le pacte quasi faustien entre lui et l’avocat conservateur et corrompu (et aussi gay en cachette!) Roy Cohn. D’ailleurs, les séquences où ils se retrouvent ensemble sont de loin les meilleures. Un personnage tout aussi effrayant et malsain incarné par un Jeremy Strong (la série « Succession ») qui pourrait recevoir une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle tant sa composition est digne de louanges. Leur relation évoluant entre l’altruisme des débuts, régie par des intérêts mutuels ensuite puis virant à la répulsion réciproque sur la fin (du monstre égoïste et impitoyable qu’il a créé pour Cohn et dictée par la peur du SIDA contracté par son ancien protecteur pour Trump) est passionnante. C’est le cœur de « The Apprentice » et elle nous en apprend beaucoup sur le Trump d’aujourd’hui et son modus operandi politique et populiste.
Tout cela, le script qui accouche du film d’Abasi le résume en trois règles qui vont inaugurer la rencontre entre ces deux hommes puis clore le film. Trois manières de gagner et de régner qui résonnent d’une manière édifiante à l’heure où chaque jour on voit le candidat à l’élection haranguer les foules à coups de mensonges, d’attaques irraisonnées et de contestation de toute défaite. Une œuvre qui semble plus que dépeindre la réalité du passé sur le versant politique et qui doit broder pour les séquences plus privées mais dont on se doute qu’elles ne sont pas tant éloignées de la réalité. D’ailleurs, les moments dépeignant sa vie maritale avec Ivana Trump sont un peu moins intéressants et auraient pu être évacués du script pour se concentrer sur l’homme politique. Abasi filme également le New York des années 70 et 80 avec un grain d’image en parfait accord avec l’époque ce qui nous aide à nous replonger dans les années charnières de cette ville et de mieux comprendre comment Trump a pu y grandir en tant qu’entrepreneur mégalomane. Un bon film qui s’avère d’utilité publique à quelques semaines des élections.
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Intéressant sans plus !!!
J’aurais aimé qu’on voit plus sa jeunesse et adolescence. Le film commence quand il a environ début trentaine peut être. Intéressant de voir son cheminement, mais ça ne rend pas cette bébitte plus sympathique, au contraire, rien pour l’aimer davantage. Pourri un jour, pourri toujours.
La petite et le vieux
Ce film raconte la rencontre improbable entre une fillette et un vieux grincheux. Ça se passe à Limoilou dans les années ’70.
Les deux personnages principaux sont très bien joués par Juliette Bharucha et Gildor Roy et l’époque est très bien rendue grâce aux décors, etc. Il y a cependant un petit bémol vers la fin du film : selon moi, on aurait dû couper les 10-15 dernières minutes; c’est quand même un beau film à voir, surtout pour les deux protagonistes.
Rumeurs
C'était le premier film de Guy Maddin que je voyais mais j'en avais déjà entendu parler. L'histoire: le groupe du G7 se réunit en Allemagne pour un Sommet. Roy Dupuis joue le rôle du premier ministre canadien qui ne va pas très bien car son gouvernement est en chute libre.
C'est vraiment très drôle parce que complètement déjanté. Nous avons beaucoup ri et aimé; enfin, ce film ne convient pas à tout le monde à cause du type d'humour.
Anora
C'est l'histoire d'une jeune femme de 23 ans, Ani, danseuse dans un club new-yorkais, qui rencontre un jeune homme d'origine russe, langue qu’elle connait; il achète ses services et finit par la demander en mariage, ce qui est fait subito presto. Pour elle, c’est le prince charmant. Je n'ai jamais entendu le mot en "f..." aussi souvent de toute ma vie; de plus, on ne fait pas que le dire. En tout cas, il ne faut pas être trop prude pour assister à un tel film; par contre, ce n'est jamais vulgaire puisque c'est une histoire qui se tient très bien (Palme d’or de Cannes 2024). J’ai bien aimé et encore plus avec le temps car je lui découvre d’autres couches de sens.