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Une justice juste?
Avec une carrière de plus de 60 ans, Clint Eastwood n’envisage pas la retraite. Il nous livrait, en fin d’année, un nouveau projet : Juror #2. Sa projection en salle fut été si limitée qu’il est passé sous le radar. Pourtant, avec une distribution de choix composée de Nicholas Hoult et de Toni Collette, cette réalisation ne pouvait qu’être prometteuse.
Justin (Hoult) est désigné comme juré dans le cadre d’un procès pour meurtre. Il fera toutefois face à une dilemme dont la décision pourrait changer le cours de la vie de l’accusé.
Avec un conflit éthique tout à fait différent, le long métrage questionne le concept de la justice à l’instar de Justine Triet avec Anatomie d’une chute. Il suscite une remise en question de nos valeurs alors que nous parvenons aisément à nous immerger dans l’angoisse du protagoniste. Plus encore, il remet en doute l’efficacité d’un système de justice qui nécessiterait depuis longtemps d’être réformé.
Pourtant, bien que scénario original et le montage se révèlent efficaces, Clint Eastwood ne parvient à atteindre l’intensité cinématographique de Triet. Son style trop traditionnel semble en décalage avec le cinéma plus expérimental qui domine aujourd’hui l’industrie.
Cela dit, Juror #2 n’a rien d’une œuvre précipitée, réalisée dans la hâte par un cinéaste dont les jours sont comptés. Le film témoigne d’un savoir-faire indéniable qui prouve que Clint Eastwood a toujours sa place dans le monde du cinéma.
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Juge et partie.
Il paraît que ce long-métrage pourrait être le dernier du grand Clint Eastwood (94 ans quand même, ce qui rend cela encore plus incroyable). Acteur culte à la carrière longue et impressionnante, réalisateur reconnu avec un nombre non négligeable de chef-d’œuvres de « Sur la route de Madison » à « Impitoyable » en passant par « Gran Torino » (et on en oublie tellement ils sont nombreux), c’est l’un des derniers monstres du vieil Hollywood encore en activité. Mais « Juror n°2 » serait une belle fin de carrière après le très décevant « Cry Macho » et son bide (qui a eu pour effet que Warner saborde la sortie de celui-ci) et le sympathique « La Mule ». Deux films où il se mettait également en scène. Ce nouvel opus est donc une belle manière de tirer sa révérence pour plusieurs raisons. D’abord le film est maîtrisé de bout en bout et son intrigue est passionnante du début à la fin. Mais aussi parce que ce n’est pas un simple divertissement car il nous plonge dans les arcanes de la justice américaine et de ses errances/erreurs en nous interrogeant sur son fonctionnement et son bienfondé jusqu’à notre propre morale.
Par le biais d’un scénario impeccablement écrit, aussi intéressant quand il dépeint les coulisses d’un procès (du choix d’un jury à ses délibérations en passant par la manière dont est menée la charge, mais jamais pénible ou trop scolaire) que dans ses rebondissements et ses retournements de situations, « Juror n°2 » nous captive durant près de deux heures. L’idée de base d’imaginer que l’un des jurés est impliqué dans l’affaire ayant amené à ce procès est géniale en plus d’être parfaitement exploitée. Puis, il faut avouer qu’un bon suspense judiciaire, ce n’est pas si souvent. Et ce dernier long-métrage d’Eastwood qui retrouve les cours de justice après « Jugé coupable » a surtout le mérite d’utiliser cette intrigue retorse et imprévisible pour nous amener à une réflexion sur la manière dont la justice est rendue. De pointer du doigt les failles d’un système clairement imparfait et faillible qui peut mener un innocent en prison ou à la mort sur de simples suppositions ou par malchance. C’est déjà arrivé maintes fois dans l’histoire et ça arrivera encore car tout dépend parfois de conjonctures et de l’avis forcément subjectif de douze personnes aux sensibilités aléatoires.
Par là même, le long-métrage interroge intelligemment notre morale et nous questionne. Jusqu’à la frontière entre le bien et le mal et la notion de justice dans son ensemble. Si « Juror n°2 » évite une fin amorale, il aurait pu pousser le curseur plus loin pour nous bousculer encore plus. Le cinéaste retrouve la ville de Savannah comme décor, là où il avait tourné l’un de ses opus les plus méconnus mais pas le moins intéressant : « Minuit dans le jardin du Bien et du Mal » justement. Comme si le Vieux Sud inspirait au nonagénaire infatigable des réflexions sur le sujet. Le casting homogène et de tous horizons (seconds rôles de luxe compris) est au diapason si ce n’est Nicholas Hoult qui n’a peut-être pas le physique et la carrure d’un tel rôle. Pas qu’il soit mauvais, mais son physique correspond peu à ce personnage. Si ce n’est cela, Eastwood film de manière classique, presque old school, mais on ne lui en voudra pas tant l’exécution est sans accroc, le fond intéressant en plus d’être sujet à discussion et le tout particulièrement addictif.
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