Il y a quelque chose d'obsédant dans le film Inès, quelque chose de lancinant qui nous entraîne dans la folie et la détresse du personnage. On finit par sombrer avec elle. Ce cinéma d'auteur - désarmant, oppressant - n'est pas pour tout le monde. Renée Beaulieu attire le spectateur dans une spirale (l'image de l'escalier en colimaçon ne revient pas aussi souvent pour rien) qu'il faut avoir la force d'accueillir.
La réalisatrice a choisi de mettre très peu de dialogues dans son film, les émotions passent par les regards et les gestes d'Inès. On ne la quitte jamais d'ailleurs. Rosalie Bonenfant est dans toutes les scènes, ou presque. La jeune femme, qui en est à ses premières expériences en tant que comédienne, s'avère très habitée. Son jeu manque peut-être parfois d'un peu de nuances, mais son investissement est tel qu'il parvient à pardonner ses faiblesses.
Bonenfant incarne une jeune femme de 20 ans dont la mère est dans un état comateux à l'hôpital et dont le père la force à s'affirmer et s'émanciper. Entre l'adolescence et l'âge adulte, Inès tente de trouver sa place et sa valeur dans le monde. Souffrant d'insomnie, elle consommera plusieurs drogues, dont du GHB, afin d'enfin trouver le sommeil. Voulant être libre à tout prix, elle s'évadera aussi dans le sexe jusqu'à se perdre complètement et atteindre le fond du baril.
Roy Dupuis, irréprochable comme toujours, incarne le père d'Inès. Inébranlable, il semble complètement indifférent au sort de sa fille. Les autres personnages/acteurs ont très peu de temps d'écran. La scène de Martin Dubreuil en chaman qui se vomit dessus est certainement la plus étrange du film.
Le drame glauque de Renée Beaulieu est très lourd. La détresse psychologique de la protagoniste et ses problèmes de santé mentale auraient pu être mieux dépeints. On a parfois l'impression qu'il nous manque des clés pour bien comprendre le désespoir de l'héroïne. Plus de mots et moins de contemplation? Peut-être. Malgré cela, Inès est une oeuvre puissante qui risque de secouer bien des cinéphiles.