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Père contre fils.
Viggo Mortensen ajoute son nom prestigieux à la liste de plus en plus longue des acteurs qui décident de passer de l’autre côté de la caméra. Pour le pire (au hasard Natalie Portman) et le meilleur (George Clooney par exemple). Avec « Falling », il nous propose un film très personnel (comme souvent lors d’une première œuvre, de comédien ou non), inspiré de son propre passé et d’une histoire de famille. Il leur dédit d’ailleurs son film. Et comme la plupart du temps dans un premier long-métrage d’acteur, celui-ci se met également en scène. Beaucoup penseraient à une démarche égocentrique mais c’est surtout pour économiser sur les coûts et capitaliser sur le nom de l’acteur, souvent célèbre, ce qui aide à rassurer les producteurs pour le financement du film. Alors? Eh bien, on peut dire que ce premier essai est convaincant et réussi même si ce n’est pas non plus un coup de maître tant le film reste assez conventionnel.
On est dans le drame familial classique qui se focalise surtout ici sur la relation très particulière entre un père et son fils. Un père très conservateur et acariâtre, presque tyrannique et méchant, que l’homosexualité de son fils rend encore plus virulent. La sénilité arrivant, on assiste à la guerre morale que se livrent les deux, l’un essayant d’aider malgré tout son paternel quand ce dernier devient de plus en plus agressif et perdu. Les échanges compliqués entre ce patriarche déplaisant et son entourage, et donc surtout son fils, constituent le sel de « Falling ». Et Lance Henriksen est royal dans ce qui restera certainement son dernier grand rôle, offert sur un plateau d’argent par Mortensen. Le personnage est tellement infect qu’il irait presque dans la caricature si le comédien ne parvenait pas à le rendre au final pathétique et excusable. Une composition forte et intense, à tel point que le spectateur est accroché aux lèvres des insanités débitées par le personnage. Les autres comédiens sont là pour lui servir la soupe et sont plus en retrait. Dans les flashbacks, très réussis et nourrissant intelligemment les scènes du présent, Hannah Gross et Sverrir Gudnasson sont tout aussi exemplaires. Laura Linney et le cinéaste David Cronenberg, ami et fidèle collaborateur du comédien, ne font en revanche que passer.
Si les scènes de conflits sont l’os à ronger principal de ce drame, Mortensen a un peu plus de mal à nous émouvoir réellement. On est touché par ce que vit son personnage face à un père si antipathique mais pas au point d’être ému. Et pourtant on aurait aimé que nos cœurs soient davantage stimulés mais c’est plus la colère et le mépris qui priment. La mise en scène du comédien est sage et apaisée, en phase avec cette histoire de famille et cet aspect un peu film d’antan. Le côté gay du personnage principal apporte un peu de modernité au propos et la maladie comme la vieillesse - et ce que cela implique - restent toujours en filigrane et densifient encore ce film simple mais vrai. De plus, on peut affirmer qu’on ne voit pas le temps passer avec « Falling », le film démarrant fort et chaque scène de confrontation entre le père et le fils rythmant avec fracas le long-métrage. Un bon et plaisant premier essai, appliqué et intense sur le fond, sans pour autant être inoubliable.
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