Mommy, le cinquième long métrage de Xavier Dolan, prendra l'affiche au Québec ce vendredi, après sa présentation remarquée sur la scène internationale, entre autres à Cannes en mai, où il a remporté le Prix du Jury. Mettant en vedette Antoine Olivier Pilon dans le rôle de Steve, un adolescent turbulent qui doit emménager avec sa mère, incarnée par Anne Dorval, lorsqu'il est expulsé d'un centre jeunesse, le long métrage raconte leurs difficultés au quotidien et leur relation d'amitié avec une voisine. Suzanne Clément fait aussi partie de la distribution.
De toute évidence, Xavier Dolan consomme beaucoup de culture. « Photo, peinture, surtout. » À quel moment cette consommation se transforme-t-elle en cinéma? « Sur le plateau, évidemment. Mais avant chaque film, j'ai une routine. Je vais à New York, à la librairie du MOMA où je prends mes livres de peinture, et dans une autre librairie, dans SoHo, où je cambriole. Je repars avec une douzaine de livres. Je ne m'assois pas devant ma TV pour regarder 55 films, c'est pas comme ça que je m'inspire. C'est vraiment un processus visuel à travers des photos des peintures. »
« Des fois, certaines idées nous emmènent ailleurs... C'est ça la différence entre l'inspiration et l'influence, c'est que l'influence détermine comment tu fais les choses, alors que l'inspiration te dit d'où tu pars, et après ça c'est le téléphone arabe de l'imagination, toute la gang ensemble. »
« Mommy c'est le film qui me ressemble le plus, c'est le film duquel je me détourne le moins. J'aime ce que j'ai fait avant mais y'a des choses que je ne referai jamais, et il y a des choses que j'aime pas. Mommy, c'est pas le cinéma que j'ai appris à faire, c'est le cinéma que je voulais faire depuis toujours. J'ai pas une grande formation en cinéma, j'ai pas une grande culture en cinéma, donc il y a eu beaucoup d'essais-erreurs, mais avec Mommy on se rapproche de plus en plus de ce que je voulais faire. »
« Curieusement, j'ai dit ça de tous mes films. C'est exactement ce que je voulais faire, à cette époque-là. »
Les méthodes ont-elles changé? « Avant je ne réalisais pas en me disant : oui mais est-ce que l'histoire a besoin de ça? Ce plan-là, ici, ça veut dire quoi exactement? Maintenant je pense à ces choses-là. Est-ce que ça a sa place, ici, maintenant? Qu'est-ce que ça veut dire? Je me pose des questions que je ne me posais pas avant. Ce qui me tient à coeur c'est la qualité du fil narratif, du récit. C'est ça qui m'obsède le plus maintenant. »
Le choix d'un format visuel inusité devient très signifiant, d'autant que le format 1:1 forme un découpage. « Oui. Il n'y a jamais de demi-mesure avec le 1:1. Je suis allé là pour le format du portrait, pour l'humanité. On avait pas le choix de regarder les personnages dans les yeux. À gauche, à droite, y'a rien. Je voulais faire du portrait, être proche des personnages, proche de l'humain. »
« En plus, ça nous donnait une certaine latitude au niveau de notre liberté esthétique, parce qu'on pouvait essayer plein d'affaires. Je disais à André Turpin que je voulais que ce soit une lumière californienne, une lumière d'American Dream. Je n'avais pas envie d'un film sombre. J'avais envie de personnages lumineux, de personnages qui se trouvent winner. »
Mommy est distribué par Les Films Séville et prend l'affiche ce vendredi dans une cinquantaine de salles à travers le Québec.