Mais que fera Hollywood quand il n'y aura plus de romans de Nicholas Sparks à adapter au grand écran? Où iront-ils chercher leurs idées pour leurs histoires d'amour? Faudra-t-il qu'ils aillent jusqu'à imaginer des histoires inédites? Mais quelle calomnie ce serait que de devoir fabriquer des récits originaux!
Je suis un peu cynique quant aux adaptations des livres de Sparks, mais lorsque chaque année je m'assois dans la salle de cinéma pour écouter la nouvelle mouture inspirée des chroniques romantiques du romancier américain, j'ai toujours cette désagréable impression de déjà-vu qui s'empare de moi. The Notebook a été le plus grand succès de Sparks au cinéma, et depuis, Hollywood ne cesse de vouloir recréer cet engouement qu'avaient engendré les personnages interprétés par Ryan Gosling et Rachel McAdams en 2004.
The Longest Ride est une tentative de duplicata bien moins subtile que les autres ont pu l'être par le passé. On nous raconte ici, à nouveau, deux histoires en parallèle; une dans le passé, l'autre dans le présent, et, comme dans The Notebook et plusieurs autres oeuvres du même auteur, ces deux trames narratives finissent par se croiser de manière inusitée et théâtrale. L'un des volets se déroule dans les années 1950-1940 alors que le second a lieu en 2015. Chacune des deux histoires comprend ses enchevêtrements et ses imbroglios qu'elle a peine à dépeindre principalement par manque de temps. La durée du long métrage est pourtant très longue pour un drame romantique (2h15), mais pour portraiturer efficacement les vies de ces deux couples, il aurait fallu encore davantage de temps. La chronologie des histoires est, par moment, difficile à suivre; scindée puis raboutée et élaguée. Il y a aussi plusieurs éléments qui nous sont expliqués par de simples coïncidences ou qui nous sont présentés comme une évidence, sans préambule contextuel.
The Longest Ride s'efforce de nous tirer des larmes à grands coups de confessions larmoyantes de vieillards nostalgiques et de déclarations bouleversantes sur la force de l'amour. C'est plutôt déçu qu'on finit par pleurer, parce que oui, le film arrive à nous émouvoir, mais ses stratégies d'amoureux agonisants sont assez déloyales. Personne ne peut être insensible à un vieil homme qui raconte à quel point il a aimé une femme qu'il a vue mourir, c'est comme les enfants malades qu'on voit accepter leurs desseins sinistres courageusement au cinéma : c'est de la tricherie!
Reste que The Longest Ride s'avère empoignant par moment, et ce, même si le public sait plus ou moins - à quelques détails près - comment se conclura le long métrage. Britt Robertson et Scott Eastwood sont convaincants, même si, entendons-nous, ils n'offrent pas ici des performances mémorables. Alan Alda, qui interprète ce vieil homme malade qui se rappelle sa vie heureuse avec sa femme, est, lui aussi, efficace et attachant.
Ceux qui aiment généralement ce genre de production ne risquent pas d'être déçus par The Longest Ride. Il s'agit probablement de l'un des « moins pires » depuis Dear John, ce qui, par contre, n'en fait pas un incontournable ni une réussite.