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Gay Black Army.
Le studio de production indépendant A24 continue d’être le petit résistant du cinéma américain en nous offrant des œuvres de toutes sortes (de l’horreur à au drame en passant par la comédie) pointues, originales et hors des carcans de plus en plis formatés des grosses majors telles que Warner ou Disney. Et, petit à petit, son catalogue devient de plus en plus prestigieux et fourni. « The Inspection » risque certes de ne pas faire partie des œuvres les plus connues du studio car il pourrait s’apparenter à un film de niche pour la communauté LGBTQ+, principalement destiné au marché vidéo de surcroît. Mais ce serait une grossière erreur de la cantonner uniquement à cela car ce premier film est bien plus que cela : c’est un drame fort et intense, qui plus est inspiré de l’histoire vraie d’un jeune gay afro-américain au début des années 2000.
Et on peut aisément affirmer que la force mentale, la résilience et la motivation inébranlable de ce jeune homme méritaient bien un film. Et celui-ci lui rend bien hommage. Dans le rôle principal Jeremy Pope est une vraie révélation. Mais dans des seconds rôles pas toujours faciles, le reste de la distribution est au diapason. Gabrielle Union en mère croyante et homophobe est tétanisante, Raul Castillo en instructeur empathique et bisexuel est impeccable quant à Bokeem Woodbine, il se tire avec les honneurs d’un rôle de sergent instructeur sadique qui aurait pu vite verser dans le cliché. Mais leur psychologie à tous est admirablement fouillée et exposée, les rendant tous humains. On peut louer aussi la mise en scène d’Élégance Bratton qui réalise là son premier long-métrage. Les plans sont formellement de toute beauté, soignés, et elle sait tirer parti des expressions faciales de ces comédiens dans les moments les plus importants, se révélant comme une excellente directrice d’acteurs.
Avec « The Inspection » on a deux films en un avec l’homophobie et l’intolérance comme boussole. Le principal est un film de formation militaire, qui est presque un sous-genre du cinéma en soi avec ses œuvres cultes comme, bien sûr, « Full Metal Jacket ». On y aborde donc ici la question de l’homosexualité dans l’armée, sujet hautement abrasif mais traité sans manichéisme ici. L’apport de nuances est salutaire et nous permet de croire en l’histoire et de s’y investir. On est pris aux tripes tellement on souffre avec et pour French, le héros. C’est le genre de parcours qui inspire le respect. Et puis autour de cela, au début et à la fin, on a droit à une partie sur une relation mère-fils toxique que la sexualité et la religion a complètement détruite. C’est intense et fort tout autant que le film s’avère dans son ensemble à la fois dur et délicat. Au final, c’est une première œuvre belle, réussie et nécessaire.
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