Suite au premier film de la nouvelle franchise Star Trek, sorti en 2009, on avait entrevu la complexité et l'ampleur de l'univers de ce monde de science-fiction foisonnant qui a séduit tant de fans au cours des cinquante dernières années. Or, ce qui ressortait surtout, c'était cette idée qu'au cinéma, plus le contexte est étendu (et dans un film qui se déroule dans l'espace, vous devinez que c'est bien le cas), plus il faut des personnages centraux forts, charismatiques et dotés d'enjeux personnels engageants. Justement (coïncidence?), c'est la grande réussite de ce nouveau film de J.J. Abrams : utiliser à leur plein potentiel des personnages forts, dans un film d'action particulièrement bien exécuté.
Abrams doit bien sûr beaucoup à la distribution toute-étoile composée du charismatique Chris Pine, du solide Zachary Quinto et des amusants Karl Urban, Simon Pegg et autres personnages secondaires bien connus et aimés des fans. Même dans un contexte d'action, alors que l'image est saturée d'effets spéciaux (qui sont excellents d'ailleurs), les acteurs parviennent à faire ressortir les enjeux propres à leur personnage, tant et si bien qu'on comprend rapidement l'importance que les événements ont pour eux et qu'on peut vivre la tension simultanément. On est donc happé par le film, qui est enlevant du début à la fin et qui maintient aussi une bonne crédibilité niveau logique.
En ce sens, il est particulièrement stimulant que les personnages acceptent de s'allier temporairement à leur(s) ennemi(s) lorsque les circonstances le suggèrent; cela rend le méchant incarné par Benedict Cumberbatch plus intriguant encore et augmente la tension à l'intérieur du film. Il faut aussi dire que l'acteur anglais est époustouflant dans le rôle, et qu'il propose un méchant particulièrement efficace, même si les contours de son plan sont parfois esquissés sommairement.
La grande réussite de ce Star Trek Into Darkness est certainement son scénario particulièrement bien rythmé, qui n'a pratiquement aucun temps mort et qui propose plusieurs revirements de situation dynamiques. En fait, c'est là que la profondeur des personnages permet d'améliorer le film : on sait que Kirk est un homme impulsif misant beaucoup sur ses instincts; au cours du récit, il a de nombreuses fois l'obligation de prendre des décisions rapidement et, même s'il est chanceux parfois, on sent toujours un respect du personnage.
Possiblement même meilleur que le premier film parce qu'il propose un méchant plus fort, Star Trek Into Darkness est sans contredit une réussite du genre et l'un des meilleurs films de l'année jusqu'à maintenant. La preuve, une nouvelle fois, qu'on peut proposer des divertissements intelligents si on traite le genre avec le sérieux nécessaire. Si tous les blockbusters de l'été présentent le même niveau de qualité, cette saison sera enthousiasmante au plus haut point...