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5 jours en enfer.
Après le stupéfiant uppercut « BAC Nord », parfaite réponse à « Les Misérables » et tous deux antithèses au nauséabond, prétentieux et vide « Athéna », Cédric Jimenez continue dans le cinéma réaliste et musclé et se positionne comme notre réalisateur le plus doué dans l’action avec le disparu sous les radars Jean-François Richet (« Mesrine ») et le désormais perdu sur Netflix Julien Leclercq (« L’Assaut »). Avec son nouveau film, il va prendre le pari hautement risqué de revenir sur les attentats de Paris du 13 novembre 2015. Un sujet récent et hautement abrasif en plus d’être encore frais et sensible dans les mémoires collectives. Et on sait à quel point traiter ce type de sujet est à double tranchant, le Oliver Stone de « World Trade Center » s’en souvient encore. Mais Jimenez botte en touche et évacue tout point de vue sur le terrorisme et ceux qui ont perpétré les attentats, pointe timidement du doigt les errances et erreurs des services secrets français et de l’anti-terrorisme (les fichés S) et se garde de monter – probablement à raison – les attentats. C’est donc peut-être la limite de « Novembre », il ne prend pas son sujet à bras le corps mais s’en sert pour nous faire ressentir les cinq jours qui ont suivi les attentats de manière immersive dans un gros film d’action.
Et sur ce versant c’est très réussi. Jimenez sait manier la caméra comme personne en France faisant ressembler son film d’espionnage à la saga Jason Bourne par sa caméra virevoltante, alerte et un montage ultra cut mais lisible. On voit ce qu’il se passe à l’écran, pas comme dans la grande majorité des films d’action, notamment hollywoodiens, de nos jours. La plongée dans les arcanes des différents services ayant poursuivi les terroristes est totale, concise et entière. On sent une énorme préparation en amont au niveau des informations glanées, c’est très documenté et factuel bien qu’on nous prévienne que le film a pris des libertés avec ce qui s’est réellement passé et qu’il est fort probable que le cinéaste et son équipe n’ait pas eu accès à certains documents sensibles. Et quand vient l’assaut final, c’est d’une intensité et d’une brutalité rare. On est complètement sonné par de déferlement de fureur dans l’attaque et cette séquence implacable fera date dans le cinéma d’action à la française par son intensité et son réalisme. C’est clairement lourd!
Cependant, Jimenez confond parfois vitesse et précipitation. La première moitié enchaine les séquences courtes et les informations en rafale pour nous faire ressentir le sentiment d’urgence et d’alerte propre à cette tragédie. Mais c’est un peu brouillon, on ne sait pas qui est qui et de quel service et il y a une avalanche de noms, de faits et de pistes qui confinent parfois au brouillon. Fait exprès ou pas c’est prenant mais cela nous laisse à distance surtout que tous les personnages ne sont que des pions pour faire avancer l’enquête, sans véritable profondeur psychologique ni background (la relation privée entre les personnages de Kiberlain et Dujardin en est le parfait exemple ou encore la fonction trouble de Jérémie Rénier). Il n’empêche, les acteurs sont tous excellents et investis. Mais c’est lorsque le personnage de Lyna Khoudri en indic débarque que le film se pose plus et nous captive davantage. De la scène de la filature très stressante au climax final, « Novembre » gagne en profondeur dans sa seconde partie. Anaïs Demoustier en flic intègre est celle qui tire son épingle du jeu et nous touche le plus, notamment sur la fin quand l’émotion point enfin le bout de son nez. Du cinéma fort et à grand spectacle, carré et coup de poing, dont on regrette juste le manque d’aspérités sur le fond et un véritable point de vue social, politique et psychologique.
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