Il y a deux ans, Ted, le premier long métrage de Seth MacFarlane, avait été une excellente surprise qui s'est révélée encore plus séduisante avec le temps. Excepté une finale inutilement étirée et faussement « dramatique », le long métrage est parvenu à déstabiliser les spectateurs (c'est de plus en plus difficile) avec un humour audacieux qui prend au sérieux le défi que représente l'humour au cinéma. Les blagues y sont habilement mises en contexte et nous ont étonnés par leur intelligence, exception faite de quelques blagues scatologiques puériles. Le résultat nous a laissé un souvenir généralement positif, surtout que le film est unique en son genre.
Pour son deuxième long métrage, A Millions Ways to Die in the West, l'auteur-réalisateur-producteur-acteur installe son humour irrévérencieux dans le contexte anachronique du Far West. C'est d'ailleurs là qu'on trouve la plupart des perles de cette comédie parodique : lorsque les personnages dénoncent certains aspects de leur époque qui nous semblent complètement farfelus aujourd'hui, comme sourire sur les photos, « voir » un billet d'un dollar ou l'espérance de vie. Le commentaire social y est omniprésent (sur le racisme, surtout), tout comme plusieurs caméos et clins d'oeil assez bien trouvés. Et les personnages de Giovanni Ribisi et de Sarah Silverman, deux amoureux qui souhaitent se préserver pour le mariage au nom de la chrétienté alors que madame est une prostituée, sont brillamment écrits.
Le film a toutefois des défauts majeurs. L'humour scatologique ne s'intègre jamais vraiment à la trame et est ici exagérément souligné par la réalisation relâchée qui manque de rythme. Le film s'étire bien trop, multiplie les revirements à l'intérêt inégal et manque de véritables enjeux tandis qu'il s'avance très lentement vers sa résolution attendue. On s'amuse, mais on s'ennuie aussi par moments, certaines séquences étant trop longues. D'autres sont tout simplement inutiles et/ou ratées (voir le mouton qui pisse).
MacFarlane est un acteur charismatique qui n'a jamais eu l'occasion de démontrer son registre dramatique (il prête surtout sa voix à des personnages animés), et ce rôle de cowboy nerd volubile ne permet pas vraiment d'en découvrir davantage sur ses talents. Unidimensionnel, son Albert Stark est amusant, mais au fond, il ne fait que réciter des blagues très écrites qui font sourire à défaut de dérider. MacFarlane se tire bien d'affaire cependant, tout comme Charlize Theron, qui lui donne une réplique convaincue, et Liam Neeson, un peu trop sérieux. Neil Patrick Harris est comme toujours très bon, quoique son personnage est rapidement gaspillé.
A Millions Ways to Die in the West est loin d'être ennuyant, on y passe un bon moment. Pourtant, on ne peut s'empêcher d'y voir enfoui un bien meilleur film, mieux resserré, mieux maîtrisé, un peu moins éparpillé, qui serait aussi bien plus drôle.