Avec la pandémie, on a largement parlé de la grande dévotion des professeurs et de leur rôle essentiel dans la vie des jeunes. Mariana Mazza et Justine Philie ont voulu rendre hommage à ces apôtres du savoir à travers l'humour. Leur film Maria dépeint l'histoire d'une jeune femme sans travail qui décide de s'inscrire en tant que remplaçante dans une école secondaire. Si le portrait que font les deux scénaristes du milieu scolaire n'est pas rose, il n'en est pas moins (tristement) crédible. Sans expérience et sans formation, Maria devient enseignante et est confrontée aux hauts et aux bas de ce métier exigeant.
Mariana Mazza campe l'héroïne avec aplomb. Si son jeu n'est pas toujours juste, elle possède une sensibilité évidente qui pourrait lui permettre de s'illustrer dans des rôles au cinéma et à la télé dans les prochaines années si tel est son désir. Il ne lui manque qu'un peu de pratique. À ses côtés, Florence Longpré et Alice Pascual interprètent des amies de la protagoniste qui composent avec leurs problèmes personnels. Elles sont toutes deux impeccables. La plus belle surprise de cette distribution s'avère l'humoriste Korine Côté, qui incarne une directrice de polyvalente désabusée. En plus d'être hilarante, elle réussit à se faire touchante et crédible. Bien qu'elle n'ait qu'un tout petit rôle, Christine Morency en cuisinière de cafétéria nous offre aussi certaines des meilleures répliques du film. Malheureusement, les passages la mettant en scène sont mal intégrés au récit. On a l'impression qu'il s'agit de sketchs qu'on a forcés dans l'histoire principale.
Si le sujet était riche et pertinent, l'histoire, elle, manque un peu de profondeur. On verse dans l'émotion à travers des moments touchants impliquant la mère malade de la protagoniste, mais le tout paraît un peu plaqué, malheureusement. On n'arrive pas non plus à éviter les clichés du genre ni à proposer une morale digne de ce nom. On peut faire passer beaucoup de choses sous le couvert de l'humour et Maria aurait été une belle occasion de commenter les failles du système d'éducation, ce qu'on ne fait qu'en surface. Certaines blagues téméraires frappent dans le mile, alors que plusieurs autres, superficielles, scatologiques ou inutilement vulgaires, ratent leur cible.
Alec Pronovost livre une réalisation sobre et linéaire, qui s'avère assez efficace dans le contexte. La musique, elle, nourrit l'oeuvre de belle façon. La voix de Lisa Leblanc, notamment, colle parfaitement à l'aura brute de Maria.
Le film Maria a été produit rapidement puisqu'il a pu éviter le processus laborieux de financement par les institutions, étant chapeauté par Quebecor. Il s'agit d'une bonne nouvelle pour le monde du cinéma puisqu'on peut maintenant croire que des films pourront être développés dans un contexte privé et bénéficier d'une sortie en salles à grande échelle, comme ceux qui empruntent la voie traditionnelle. Maria n'est peut-être pas un chef d'oeuvre, mais il s'agit d'une proposition humaine, sans artifice, qui nous laisse un sourire et une lueur d'espoir.