Permettons-nous de succomber à la nostalgie un bref instant.
Il fut un temps où Hollywood produisait à la chaîne des productions ne se cassant pas nécessairement le bicycle, mais qui étaient néanmoins menées de façon tout à fait compétente, et reposaient avant tout sur le plaisir de voir deux stars unir leurs forces sur grand écran.
Évidemment, l'ère où les noms apparaissant en gros caractères sur une affiche de film étaient suffisants pour faire vendre de billets est révolue depuis un bon moment déjà.
Ironiquement, c'est nul autre que Jon Watts qui, avec Wolfs, tente de nous ramener quelques décennies en arrière.
Après avoir aidé Marvel Studios à engendrer des recettes de près de 4 milliards de dollars à travers le monde en prenant les commandes de la plus récente trilogie Spider-Man, un tel virage à 180 degrés n'était pas tout à fait attendu pour la suite de son parcours. Mais qui ne sauterait pas sur l'occasion de réunir Brad Pitt et George Clooney pour la première fois à l'écran depuis Burn After Reading, en 2008?
Ces derniers incarnent des nettoyeurs professionnels à qui on fait appel lorsque les choses tournent mal et que certains éléments incriminants comme, disons, un cadavre, doivent disparaître sans laisser de traces.
Les chemins des deux loups solitaires se croisent pour la première fois lorsqu'ils sont tous deux contactés pour s'occuper de la même chambre d'hôtel, où la mort apparente d'un jeune homme pourrait autant nuire à l'établissement qu'à la carrière de la procureur présente sur les lieux.
Peu enclins au départ à travailler ensemble et à partager leurs méthodes, la découverte d'un sac rempli de drogue change subitement la donne pour le duo et leurs mystérieux employeurs. La nuit s'annonce longue, très longue.
Loin des habituelles contraintes venant avec les récits de superhéros, Wolfs est assurément le film le plus maîtrisé qu'ait réalisé Jon Watts à ce jour. Le principal intéressé n'en fait pas des tonnes, mais comprend parfaitement les rouages de ce qu'il propose, capitalisant allègrement sur quelques valeurs sûres allant bien au-delà de ses deux têtes d'affiche.
De par ses éclairages tamisés, ses néons aveuglants, son montage patient, mais bien rythmé, ses parfaits clins d'oeil à l'oeuvre de la chanteuse Sade, ses ambiances nocturnes parfaitement enneigées, son humour efficace et jamais trop télégraphié, Wolfs est le genre de propositions dans lesquelles l'intrigue passe en deuxième.
Tout ici est une question de ton et d'attitude, et les vieux routiers Clooney et Pitt démontrent qu'ils n'ont rien perdu de leur « cool », même si le dos est plus fragile et que la vue a légèrement baissé.
Si le film n'exige, évidemment, jamais qu'ils s'aventurent en dehors de leur zone de confort, les deux vétérans livrent la marchandise en faisant exactement tout ce que l'on attend d'eux.
Le duo donne également toute la place nécessaire au jeune Austin Abrams pour lui permettre de tirer son épingle du jeu, tandis que Watts lui réserve quelques plans fixes et de longs monologues le mettant tout autant en valeur.
« Buddy comedy » d'une autre époque, Wolfs a visiblement été pensé et exécuté de la manière la plus décontractée qui soit, toutes les personnes impliquées étant exactement - et en tout temps - sur la même longueur d'onde.
S'il avait été produit vingt ans plus tôt, le long métrage de Jon Watts aurait assurément eu droit à une sortie à grande échelle dans les cinémas, menant à un succès commercial suffisamment respectable entre deux propositions de plus grande envergure.
Malheureusement, il s'agit désormais du genre de « contenu » qui s'attrape de façon gourmande sur l'une ou l'autre des innombrables plateformes numériques.
À l'instar de ses protagonistes, Wolfs aurait mérité un meilleur sort.