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La Lande insoumise.
Voici du bon et du grand cinéma venu des contrées danoises et qui souffle en prime un grand vent épique à l’ancienne. Un long-métrage qui utilise à bon escient et avec une maîtrise indéniable tous les outils du cinématographe pour nous plonger dans un récit inspiré d’une histoire vraie ayant eu cours au fin fond du Danemark du XVIIIème siècle, dans une région appelée la Lande. Un endroit réputé incultivable et voué à l’abandon qu’un ancien soldat obstiné va tout faire pour rendre viable malgré la réticence d’un voisin et propriétaire terrien véreux et capricieux. Mais « The promised land » signe également le retour d’un duo qui s’était illustré avec « A Royal Affair » il y a dix ans : le cinéaste Nikolaj Arcel, revenu d’Hollywood après ses déconvenues sur l’adaptation du roman « La Tour sombre » de Stephen King, et de l’immense Mads Mikkelsen. Un acteur qui choisit ses films comme personne et dont la filmographie flirte avec le sans-faute.
Et, encore une fois, l’acteur est royal et nous fait passer une grande gamme d’émotions par son regard et ses expressions alors que son rôle est plutôt taiseux et qu’il joue un personnage taciturne, pas forcément aimable et mystérieux. Un peu trop d’ailleurs, ses motivations précises et son passé demeurant malheureusement bien trop nébuleux, laissant ainsi une petite goutte de frustration en bouche pour le spectateur. Mikkelsen porte le film sur ses épaules et écrase le reste de la distribution quand bien même ses partenaires de jeu sont bons. On a un peu plus de mal avec le personnage du méchant, si on peut nommer ainsi l’aristocrate qui va lui mettre des bâtons dans les roues. Pas que Simon Bennebjerg, l’acteur qui l’incarne joue faux mais l’écriture du personnage est un peu caricaturale sur certains traits de sa personnalité, un homme revanchard, entêté et un peu bête.
L’écriture de ce personnage en particulier tranche un peu avec le reste vu que « The promised land » est écrit avec beaucoup de soin et de mérite, notamment en ce qui concerne sa progression dramatique. Entre craintes, satisfactions et soulagements, le film nous fait passer par beaucoup de sentiments et l’immersion pour le spectateur dans ce cadre spatio-temporel rural, aride et séculaire est totale. Rythmé comme il faut, campé dans un contexte original et développant des sujets forts tels que le droit du sol, la persévérance, l’oppression des forts sur les faibles ou encore la notion de caste, il coche toutes les cases d’un beau et grand film de cinéma, propre, clair et confectionné avec beaucoup de métier.
Cependant, ce qui nous frappe le plus la rétine à la vue de ce « The promised land » c’est sans conteste sa remarquable photographie et la manière dont Arcel choisit de mettre en scène son histoire. Clairement inspiré des westerns crépusculaires à l’américaine, son drame campagnard mâtiné de violence sèche, de règlements de comptes et de duels verbaux, est un délice pour les yeux. L’homme a du goût et il exploite parfaitement les immenses paysages désolés de ce bout de terre si rêche et mal aimable. Et il les magnifie dans un scope étincelant. La manière dont le film est éclairé et les choix de placement de caméra font ressembler une bonne partie des scènes de ce long-métrage à des toiles de peinture. En effet, la quasi-totalité des plans coïncide à des tableaux d’antan. On pense pas mal à l’artiste néerlandais Vermeer d’ailleurs. À la fois âpre mais aussi doux par instants, ce film danois d’époque s’avère ample, surprenant et ambitieux. C’est une bonne surprise et du cinéma comme on en voit peu, qui s’intercale impeccablement entre le cinéma populaire et un cinéma plus difficile et exigeant. Le parfait juste milieu!
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