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Bulle de connerie(s).
Le Covid devient un sujet de cinéma comme l’actualité en fournit au septième art depuis que le monde est monde. La crise sanitaire ne déroge donc pas à la règle mais jusque-là c’était plutôt catastrophique, entre l’horrible « 8 rue de l’Humanité » de Dany Boon, écœurant de démagogie et pas drôle, ou encore l’anecdotique thriller « Songbird » produit par Michael Bay. Ici, c’est l’un des rois de la comédie américaine, Judd Apatow, qui s’y colle. Certes, le cinéaste ne connaît plus les succès du début des années 2000 qu’il pouvait collectionner avec des films comme « 40 ans, toujours puceau » ou « En cloque, mode d’emploi » et il faut avouer qu’il a toujours plus cartonné aux USA qu’en France. Mais son talent était indiscutable avec un mix d’humour potache, lourdingue et fin et surtout un réel attachement à ses personnages et à leur histoire. Avec comme revers de la médaille, des films jugés souvent beaucoup trop longs pour des comédies (en général plus de deux heures) qui amoindrissaient la réussite du résultat final. Avec « La Bulle » il retombe dans ce travers, ne semblant décidément pas écouter les critiques de ses fans. Car avec une demie heure de moins, cette comédie originale épinglant les travers et excès des mesures sanitaires mais aussi de l’industrie hollywoodienne en général, il aurait réussi une bien sympathique petite partie de rigolade, originale et survoltée. Le film s’inspire avec maestria de ce qui s’est passé sur le tournage du prochain « Jurassic World » du même studio (Universal) et montre de manière caricaturale et exagérée ce qu’a subi l’équipe de tournage de ce gigantesque blockbuster durant la période Covid entre arrêts forcés, quarantaines, surveillances, contrôles stricts et autres joyeusetés ridicules...
L’idée confine au génie. Le postulat est imparable. Mais le résultat demeure juste sympathique à défaut d’accoucher d’un chef-d’œuvre de comédie, voire d’une bonne comédie tout court. Le script est plutôt bon, couvrant quelque peu toutes les dérives parfois proches du non-sens imposées par la crise tout comme les caprices de comédiens déconnectés de la réalité. Sur ce dernier point, c’est peut-être moins surprenant car déjà vu sur grand écran. Si on ne rit pas à gorge déployée, on a souvent le sourire aux lèvres et on se moque de ces acteurs tournant une série B de luxe. Ici, la saga « Jurassic Park » est gentiment moquée. Apatow égratigne aussi certains travers de nos sociétés contemporaines (TikTok, la mode des activités de remise en forme et de bien-être, l’addiction aux drogues, ...) dans un foutoir de dialogues et de situations ubuesques qui sont, au choix, très drôles, juste regardables ou carrément grotesques (les doigts de Leslie Mann). Car tout n’est pas réussi là-dedans, bien au contraire, mais on y trouve son compte et malgré les plus de deux heures, on veut aller jusqu’au bout. Pour tout cinéphile connaisseur, les petits arrangements financiers de la production et du studio sont aussi croqués de manière joyeusement satirique avec le personnage secondaire de Kate McKinnon (encore une fois excellente), montrant que les règles sanitaires s’appliquent au peuple mais pas aux riches. Bref, c’est plein de défauts, c’est bordélique, trop long et insensé mais très amusant si on aime les coulisses du cinéma et que les mesures sanitaires vous ont horripilé par leurs excès. Et la troupe d’acteurs présente ici dégage une énergie assez communicative.
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