Plusieurs Français ont récemment produit des films d'action dans la plus pure tradition américaine (vengeance, sauvagerie, surhomme); il n'y a qu'à penser à Pierre Morel, qui a récemment réalisé Bons baisers de Paris et L'enlèvement, deux longs métrages ancrés dans l'héritage étasunien, principalement pour leur action virile et leur montage rythmé. Richard Berry suit cette tangente (possiblement enclenchée, il y a quelques années, par Luc Besson) avec L'immortel, une oeuvre dynamique et maîtrisée, mais qui, malheureusement, ne témoigne d'aucune originalité particulière et recèle de clichés pourtant parables.
Charly Matteï était un puissant mafioso qui régnait sur Marseille avant de décider, pour le bien de ses enfants et de sa femme, de se retirer du milieu criminel pour mener une vie paisible avec sa famille. Mais cette retraite prématurée n'a pas convaincu ses ennemis qui préféreraient le voir mort. Charly est donc plombé de balles dans un stationnement par des hommes masqués. Malgré les 22 balles qui lui ont transpercé le corps, le gangster a la vie sauve. Lorsqu'il découvre qui est responsable de cette violente agression, Charly leur rend une petite visite pour les avertir qu'il a bien l'intention de les assassiner les uns après les autres pour l'avoir trahi et humilié.
Toujours dans l'esprit d'américanisation, on nous propose des thèmes usuels tels que la vengeance, la colère et le regret. Le personnage principal est un criminel, certes, mais grâce à ses vertus familiales et ses codes moraux, on lui pardonne aisément ses meurtres passés, ses égarements de conduite. Que seraient les films d'action sans cette inévitable rédemption qui permet si aisément aux méchants de se transformer en gentils? Jean Reno, avec la prestance qu'on lui connaît, donne une performance chargée d'intensité et de nuances. Ce n'est par contre pas le cas de son collègue Kad Merad qui, pourtant généralement versatile, semble dubitatif face au caractère composite de son personnage.
Le montage énergique (sans être frénétique), le jeu humain de la plupart des acteurs et la réalisation compétente, prudente (peut-être même trop à certains moments), de Richard Berry sont tant de points positifs qui ne peuvent, malheureusement, nous faire oublier un scénario inconséquent et un propos général contrefait. Dès les premières minutes du long métrage, on nous plonge dans l'action, sans prémisse ou mise en situation préalable, et ce rythme dynamique ne cessera qu'à la toute fin du récit. Cet empressement narratif ne serait pas un véritable problème si la mise en contexte - l'explication de la situation, des faits (qui, par surcroît, sont inspirés d'évènements réels) - était faite convenablement. Mais, très vite, l'histoire devient un prétexte facile à des coups de fusil retentissants et des courses à moto spectaculaires.
L'immortel n'est en définitive qu'un autre film d'action qui, malgré ses origines françaises (et l'intérêt différent que les Français portent au septième art), éblouit le spectateur par des prestidigitations cinématographique et autres fourberies narratives. Bien que les Américains ont cette réputation d'« illusionniste » (art de tromper les sens du spectateur par des truquages), cette oeuvre aurait eu besoin de davantage de sensibilité française, de nuances, pour impressionner les Québécois, familiers depuis longtemps des techniques d'hypnotiste de leur voisin du Sud.
Le montage énergique (sans être frénétique), le jeu humain de la plupart des acteurs et la réalisation compétente, prudente, de Richard Berry sont tant de points positifs qui ne peuvent, malheureusement, nous faire oublier un scénario inconséquent et un propos général contrefait.
Contenu Partenaire