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Espagnole sauce italienne.
On aurait aimé l’aimer encore plus ce joli film italien. On aurait adoré qu’il nous envoûte comme on l’avait été, il y a plus de vingt ans, par le sublimissime « Respiro », une œuvre immersive, atmosphérique, belle et hypnotique avec laquelle « L’Immensita » entretient beaucoup de similitudes. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de se dire que le cinéaste italien Emmanuel Crialese, plutôt rare avec seulement cinq films en vingt-cinq ans, tente de nous refaire l’effet procuré par son meilleur film à ce jour. Comme une sorte de remake actualisé. Si c’était Valeria Golino qui illuminait le premier, ici c’est Pénélope Cruz qui irradie dans ce rôle similaire de mère fantasque et indépendante. L’actrice espagnole investit le cinéma italien avec brio, panache et volupté et s’avère l’un des atouts de ce film qui n’atteint pourtant jamais les sommets de « Respiro ».
C’est difficile à expliquer car on retrouve une mise en scène aussi élégante dont certaines des séquences confinent au magique et nous émerveillent la rétine avec des instants de pure grâce. On pense par exemple à ce plan de jeté d’uniformes à l’école, à cette séquence où les enfants se cachent dans un souterrain faisant ainsi peur à leurs parents avant que tout cela ne finisse en bataille d’eau sous le soleil couchant ou encore à celle du repas de Noel avec les mêmes enfants qui font des bêtises sous la table, nous rappelant ainsi l’insouciance et la malice de l’enfance. C’est très beau à regarder on ne pourra le nier et la reconstitution de l’époque ainsi que le patine de l’image couplée à quelques incursions en noir et blanc terminent de rendre « L’Immensita » comme un objet cinématographique visuellement de haute qualité. C’est plein de justesse dans le portrait de famille et de l’enfance, cependant le script navigue un peu à vue, sans véritable direction.
Et on ne peut s’empêcher de trouver que le charme fonctionne moins. Ou par à-coups, par intermittence sans nous absorber totalement. La relation mère-fille est magnifique et pleine d’acuité, certainement en partie autobiographique, mais les thématiques très actuelles de la masculinité toxique (que le patriarcat à l’italienne de l’époque représente assez bien) ou l’identité de genre se fondent mal dans cette histoire se déroulant il y a près de cinquante ans. Ou Crialese ne les prend pas assez à bras le corps, ne les investit qu’en les survolant. Ce récit initiatique ou cette chronique de l’enfance manque d’une trame narrative plus fouillée, que ces seuls et simples instants de vie mis bout à bout pour davantage nous emporter ne compensent pas. Lorsque le film se termine, on se rend compte qu’il aurait pu s’achever plusieurs scènes avant comme continuer plusieurs scènes après. C’est plaisant, solaire et mignon sur bien des aspects mais « L’Immensita » n’a pas la puissance de son illustre aîné et semble n’en être qu’une petite déclinaison plus confidentielle. Il demeure néanmoins flatteur à l’œil et traversé par des moments en apesanteur totalement enchanteurs.
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