Shankman sait ce qu'il fait. Rock of Ages est une comédie musicale délicieuse qui, sous des airs rock des années 80, nous transporte et nous enfièvre. C'est le genre de divertissement léger (il faut tout de même l'avouer, on est loin de Molière) qui nous donne envie de sourire, de danser, en plus de nous amener à croire qu'un divertissement de qualité sans fusil, ni course de voiture, ni robot-transformer, c'est encore possible à Hollywood. Il est évident que la comédie musicale, surtout frivole et nonchalante comme Rock of Ages, est un genre qui plaît davantage aux femmes; parce qu'une serveuse d'une petite ville et un concierge à l'allure un peu rebelle qui chantent leur amour sur une scène d'une discothèque de Los Angeles, c'est peut-être un peu trop puéril pour les adeptes de Jason Statham, mais ça fonctionne fort bien pour les fans de Mon fantôme d'amour; à chaque film, son public.
Comme toute comédie musicale, il faut une petite période d'adaptation pour entrer dans l'univers de Rock Of Ages. La première scène, qui nous dévoile une jeune femme dans un autobus en direction de la cité des anges, déstabilise d'emblée (et volontairement) le spectateur en faisant chanter haut et fort chacun des passagers, y compris le chauffeur, des hymnes inspirants. Mais, Rock of Ages connaît ses limites et n'hésite pas à les tester et, même, à s'en moquer. Par exemple - sans dévoiler de punchs (certains sont vraiment amusants) -, une interprétation sentie et inattendue de I Wanna Know What Love Is nous amène rapidement à croire qu'on ne se prend pas au sérieux, et cette désinvolture est fort rafraîchissante. La voie humoristique qu'à choisi le film nous apparait d'abord facile et typée, mais dès que le style est bien installé et l'action enclenchée, elle devient beaucoup plus accessible.
Même s'ils ne possèdent que très de peu nuances, les personnages s'avèrent tous très attachants. Qu'on aime ou qu'on n’aime pas, on ne peut que concéder à Tom Cruise la compétence et le physique de l'emploi. Son Stacee Jaxx, caricature des chanteurs rock - blasés et égocentriques - des années 80, renferme un potentiel comique infini et un charisme indéniable. La performance mémorable d'Alec Baldwin et Russell Brand mérite également d'être soulignée comme celle de Paul Giamatti dans le rôle d'un imprésario corrompu, victime de ses excès.
Les chorégraphies, les montages musicaux et les performances vocales se doivent également d'être irréprochables dans ce genre de production pour conquérir son public. La direction artistique sur Rock of Ages est fort efficace et corrobore la réputation de Shankman. Les numéros musicaux ont été construits avec beaucoup de rigueur et on y ressent un véritable travail de précision. La qualité des costumes, des décors et des - souvent excentriques - coiffures participent également à la réussite visuelle de la production.
Malgré un début molasse et quelques cabrioles narratives parfois incongrues, Rock of Ages a le mérite de remplir efficacement son mandat initial, celui de divertir et de désennuyer. Une période d'adaptation est nécessaire pour apprécier pleinement ce film dans lequel on chante ses émotions, mais lorsqu'on accepte ses prémisses et sa facture broadwayenne, on s'embarque pour un deux heures de pur divertissement teinté de rock'n roll.
Shankman sait ce qu'il fait. Rock of Ages est une comédie musicale délicieuse qui, sous des airs rock des années 80, nous transporte et nous enfièvre.
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