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Europudding daté.
Ce film nous montre un cas édifiant et la bien triste chute artistique d’un auteur en devenir devenu un tâcheron... En effet, quand on voit à la fin de ce policier de série basique, interchangeable et semblant sorti du siècle passé, que la réalisation est à mettre au crédit de Danis Tanovic, on en reste pantois. Comment un cinéaste talentueux, découvert avec le multi-primé « No Man’s Land » il y a vingt ans, a-t-il pu tomber si bas ? Et, à voir sa filmographie après ce film, on constate qu’il n’a été que de déconvenue publique en ratage critique. Disparu des radars depuis quelques années après n’avoir signé aucune œuvre mémorable, le voilà dans un domaine où on ne l’attendait pas, lui qui n’a signé que des films d’auteur ou expérimentaux : la série B fauchée pour plateformes de streaming! Et force est de constater que cela ne lui va pas du tout.
En effet, le gros point faible de « The Postcards Killings » est sans conteste sa mise en scène pachydermique, neurasthénique et vieillotte semblant inspirée des vieux policiers oubliables des années 80 ou 90. Et c’est loin d’être un compliment. Tanovic ne parvient jamais à instaurer une once de suspense tangible durant une heure et demie de film. Ses acteurs ne sont, en outre, pas très bien dirigés : Jeffrey Dean Morgan dans un rôle cliché ne les évite pas tous (la scène où il se saoule pour oublier est éloquente) et Famke Janssen est défigurée par la chirurgie ce qui rend sa prestation quelque peu ridicule. Les seconds rôles des flics à travers l’Europe se débrouillent mieux mais sans grande conviction. Même le montage est mauvais, mou du genou et faisant en sorte que le spectateur a souvent un temps d’avance sur les enquêteurs, ce qui est problématique. On a l’impression qu’ils sont tous à la ramasse ou que des scènes ne sont pas intégrées dans le bon ordre. Quant au directeur de la photographie, il a dû être exhumé ou un stagiaire a été pris par erreur: on rarement vu images aussi moches et potentiel de décors si mal exploités. Un tour d’Europe est une bonne occasion de montrer de beaux paysages et de faire de belles images mais c’est tout le contraire qui se produit.
Heureusement, l’intrigue tirée d’un roman de James Patterson nous captive par son originalité, ses détours, son suspense, un rebondissement inattendu et son dénouement. Pourtant, les romans à l’ancienne de l’écrivain n’ont pas laissé de grandes traces pour le septième art, tout juste se souviendra-t-on du « Collectionneur » avec Morgan Freeman, parmi pas mal de séries B oubliées et oubliables. Ici, ce couple de tueurs copiant des grandes œuvres d’art pour mettre en scène leurs crimes d’une ville d’Europe à l’autre est le terreau d’un excellent polar à l’ancienne. Mais le traitement paresseux et moche qu’on offre à cette adaptation d’une histoire prenante et mystérieuse gâche beaucoup de possibilités. Mais elle permet de ne pas s’ennuyer c’est vrai, et de ne pas classer « The Postcard Killings » parmi les navets. Juste un beau gâchis et un travail industriel et sans saveur.
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