Nous aurons dû être très patients avant d'avoir enfin droit à une suite en bonne et due forme à Gladiator. Mais entre ce qui nous ait finalement proposés aujourd'hui et l'improbable scénario mélangeant mythologie et voyage dans le temps concocté jadis par Nick Cave, la question se pose toujours à savoir si l'aboutissement d'une telle production était réellement nécessaire.
Nous retrouvons donc Lucius (Paul Mescal), le fils de Maximus et Lucilla (Connie Nielsen), qui, après un long exil et une bataille avec l'armée romaine n'ayant pas tourné en la faveur de son nouveau clan, doit à son tour défendre sa peau dans l'arène des gladiateurs.
Lucius attire rapidement l'attention de Macrinus (Denzel Washington), qui compte en faire une idole du peuple tout en l'utilisant pour gravir les échelons dans une Rome de plus enp plus décadente et encline à la corruption, loin des jours de gloire illustrés dans le premier épisode.
Lucius accepte lorsque Macrinus lui promet de lui donner sa chance d'assouvir sa vengeance contre le général Marcus Acacius (Pedro Pascal), qu'il tient responsable de la mort de sa femme. Mais ce dernier n'est peut-être pas l'ennemi dont il doit réellement se méfier...
La première moitié de Gladiator II est pratiquement calquée sur celle de l'opus sorti en 2000, mais avec plus de combats impliquant des animaux féroces.
Un détail dont le scénariste David Scarpa était visiblement bien au fait, ce dernier présentant de manière un peu trop expéditive l'ascension de Lucius dans l'arène et la notoriété qu'il acquiert auprès du peuple romain comme de ses frères d'armes. Un résumé qui réduit du même coup l'impact dramatique de cette montée, surtout que Paul Mescal déploie son charisme d'une manière beaucoup plus posée et singulière que Russell Crowe.
Une fois que l'action se transporte finalement du côté de Rome, nous retrouvons davantage le Ridley Scott des dernières années que celui du début du millénaire.
Les complots politiques, les jeux de pouvoir et les revirements de situation dignes d'un roman savon s'enchaînent dès lors à un rythme effarant, tandis que les séquences d'action, bien que plus élaborées, peinent à atteindre le même impact viscéral que celles présentées lors du premier tour de piste.
Dans la foulée, le vétéran cinéaste continue de cultiver ce même goût assumé pour le grotesque que nous retrouvions dans des films comme The Counselor, House of Gucci et Napoleon.
Et la rencontre entre la démarche froide et ultra méthodique du réalisateur et ces séquences marquant de flagrantes ruptures de ton fonctionne autant qu'elle semble subitement envoyer le récit dans tous les sens.
L'ensemble est néanmoins soutenu par un Paul Mescal particulièrement à l'aise dans son premier rôle d'envergure au cinéma, mais surtout par la prestation totalement désinvolte et imprévisible de Denzel Washington, qui a une main mise sur l'histoire comme son personnage tire les ficelles dans les coulisses du pouvoir romain.
Une autre grande performance d'un grand acteur qui vieillit comme le bon vin.
Au milieu de décors aussi imposants que luxuriants, et d'une trame narrative se faisant une joie de renouer avec la forme plus touffue des péplums des années 1950, nous retrouvons une proposition qui donne, certes, au spectateur ce qu'il est venu voir, mais qui a aussi tendance à couper les coins très ronds pour permettre à l'intrigue et aux personnages de progresser à un rythme satisfaisant.
À cet égard, plusieurs facilités et incongruités ayant échappé à la vigilance de toutes les personnes impliquées s'avèrent plutôt gênantes.
Évidemment, nous ne pouvions nous attendre à ce que Gladiator II atteigne les mêmes sommets que son illustre prédécesseur. Mais il y a tout de même une finesse et une force dramatique qui se sont estompées en 24 ans. Le résultat se révèle ainsi à l'image de la carrière de plus en plus en dents de scie de son maître de cérémonie, mais aussi d'un scénario passant trop rapidement à travers ses séquences les plus épiques et significatives.