Mettons d'emblée une chose au clair, Anna Faris n'a pas le charisme nécessaire pour soutenir à elle seule une comédie romantique (et surtout pas lorsqu'on lui attribue une voix de retardée toxicomane comme dans la version française québécoise). Cela n'enlève rien à l'artiste; elle était la personne toute désignée pour devenir l'emblème de Scary Movie ou pour jouer la chanteuse psychopathe dans Just Friends, mais elle ne possède pas les caractéristiques nécessaires pour incarner l'héroïne de ce type de production. Son énergie contagieuse, ses yeux exorbités et ses mimiques irrévérencieuses l'empêchent d'interpréter l'innocence d'une jeune première qui fait le tour de la ville vêtue d'une robe de demoiselle d'honneur à demi-déchirée pour clamer son amour à l'homme de ses rêves... Nous n'y croyons tout simplement pas. Et pour une comédie sentimentale réussie, l'actrice au regard magnétique et légèrement naïf est essentielle, sinon, on tombe dans la parodie (comme c'est parfois le cas ici) et on change drastiquement notre public cible. Le choix de Chris Evans était par contre tout désigné et le fait qu'on nous le présente presque la moitié du film en caleçon permet aux spectatrices de rester attentives à ce qui se passe à l'écran (parce que nous aurions, sinon, mille raisons de décrocher de cette histoire invraisemblable). Par contre, Faris et Evans forment un couple incohérent auquel nous ne croyons guère.
Le postulat de base n'était pourtant pas si rebutant; une jeune femme dans la trentaine qui, après avoir lu un article disant que 95% des Américaines à avoir eu plus de vingt amants au cours de leur vie ne trouvent jamais l'homme parfait, décide de retracer ses ex pour s'assurer qu'elle n'a pas laissé filer l'amour. Malheureusement cette proposition amusante, qui aurait pu donner lieu à plusieurs moments cocasses et inusités, est rapidement abandonnée au profit d'une histoire d'amour stérile et depuis longtemps défraîchie. Les escapades nocturnes dans des endroits illégaux (j'ai déjà travaillé au stade alors quand il m'ont renvoyé, j'ai gardé une clé; hein?), des soupers au clair de lune sur les toits des immeubles et des voeux de mariage touchants qui font réaliser à l'héroïne la véritable définition de l'amour, sont quelques-uns des stéréotypes que le film utilise pour nous amadouer, nous public crédule et simple d'esprit.
On aurait pu tirer profit de certaines apparitions de comédiens talentueux comme Andy Samberg par exemple, mais au lieu de cela, on a décidé de resserrer l'étau sur cette roturière sculptrice et son voisin exhibitionniste. Pire encore, on a même retiré complètement la scène (ou « l'une des » plutôt) qui mettait en vedette Samberg (et qui figurait dans la bande-annonce; probablement une des séquences les plus drôles d'ailleurs) pour des raisons non apparentes et probablement injustifiées.
What's Your Number? souffre de plusieurs carences - scénario brouillon, humour mal assumé, poncifs redondants, acteurs incompatibles - et ne renferme que trop peu de points positifs pour qu'on les énumère. La comédie romantique est un art, au même titre qu'un drame politique ou qu'un essai philosophique (peut-être même plus délicat encore), il suffit d'un détail (ici, il y en a plus qu'un) pour amener le spectateur à décrocher et perdre son attention si précieuse.
What's Your Number? souffre de plusieurs carences - scénario brouillon, humour mal assumé, poncifs redondants, acteurs incompatibles - et ne renferme que trop peu de points positifs pour qu'on les énumère.
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