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Portrait d'un jeune tueur.
Disons-le d’emblée : ce premier film de Vincent Le Port est vraiment singulier, particulier et difficile d’accès. On est dans du cinéma d’auteur pur et dur (sans pour autant que cela soit péjoratif), un cinéma pas facile d’accès et très exigeant de la part du spectateur. En gros, on n’est pas ici pour se divertir mais davantage pour réfléchir et découvrir une œuvre qui demande patience et abnégation de la part de son public. « Bruno Reidal, confessions d’un meurtrier » est basé sur un fait divers effroyable du début du XXème siècle qui voit un jeune paysan tuer et décapiter un adolescent dans un petit village du Cantal. Le film est basé sur ses mémoires écrites commandées par un collège de médecins de l’époque pour comprendre son crime. L’ossature narrative du long-métrage est donc astucieuse. On commence par le crime et l’incarcération du personnage titre pour ensuite revenir sur sa vie et les raisons de son acte par le biais du récit écrit qu’il en fait et des flashbacks qui en découlent. La voix off a donc ici une grande importance et condamnerait presque le film à être muet sans elle. Davantage donc que Dimitri Perron, dans une composition impressionnante pour son âge et ses débuts, c’est donc sa voix qui sera le personnage principal et qui va nous guider dans la psyché du jeune homme. Une psyché visiblement vouée à la violence, le péché et la tragédie.
Le Port, en tant que cinéaste débutant, fait le choix courageux d’une imagerie pastorale et bucolique très réussie et réaliste mais aussi d’une œuvre et d’une mise en scène clinique et presque ascétique. Comme si on avait décidé d’illustrer une autobiographie, ou plutôt des pensées personnelles, par des images aboutissant à un résultat âpre et froid. On se retrouve donc face à une œuvre que l’on pourrait qualifier de presque peu engageant sur la forme à force de monotonie et d’un ton tout aussi monocorde tout comme par son aspect dérangeant et presque malaisant sur le fond. « Bruno Reidal, confessions d’un meurtrier » est donc un long-métrage fort et ambitieux qui ne cède à aucune mode et va au bout de sa note d’intention. Si la reconstitution de l’époque, le jeu de l’acteur principal et la manière dont le film tente d’expliquer ce geste atroce sont louables et probantes, ce côté très pointu voire difficile à appréhender pour le spectateur pourra en rebuter beaucoup d’entre eux. C’est un peu longuet, répétitif et certaines scènes sont gênantes voire insoutenables. Comme pour beaucoup d’œuvres de cet acabit, en gros clivantes et qui en demandent beaucoup à leur public par leur étrangeté ou à cause de leurs thématiques interdites, on est en droit de trouver cela repoussant mais aussi passionnant. L’entre-deux est également une voie que l’on choisit ici...
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