Après le film Bridesmaids, bien des scénaristes se sont risqués à l'humour grinçant au féminin. Par contre, peu ont aussi bien réussi que Kristen Wiig. Cette fois, Brian Kehoe et Jim Kehoe, aidé par une flopée d'autres auteurs, ont voulu livrer un genre de pendant féminin à American Pie; de jeunes femmes du secondaire, qui font le pacte de perdre leur virginité le soir du bal de fin d'études. Déjà, aborder la sexualité adolescente de manière aussi crue était un acte audacieux. Que des garçons benêts veulent à tout prix être dépucelés n'est pas particulièrement tabou, mais que de jeunes filles parlent ouvertement d'un tel sujet dans un langage aussi grivois n'était pas si simple à explorer. Pourtant, les scénaristes, chapeautés par le producteur Seth Rogen, sont arrivés à un résultat à la fois hilarant, croustillant et respectueux.
« Un pénis c'est pas fait pour qu'on l'admire, c'est fait pour qu'on l'utilise comme débouche-toilette. »
Par contre, l'histoire ne tourne pas uniquement autour de ces trois jeunes femmes libertines, mais elle concerne aussi leurs parents protecteurs qui, conscients du pacte que viennent de passer leurs enfants, refusent de les voir ainsi « gâcher » leur vie en se jetant dans le lit du premier venu. Leslie Mann incarne une femme monoparentale dépendante de l'affection de sa fille unique, qui n'a pas l'intention de laisser son enfant commettre les mêmes erreurs qu'elle. Déphasée, parfois hystérique et pourtant souvent nuancée, la comédienne nous livre le portrait d'une mère crédible et attachante. John Cena est certainement la révélation de ce film dans un rôle de papa-poule qui lui va comme un gant. Prêt à tout pour protéger sa fille, le pauvre homme ira jusqu'à caler une bière par l'anus. Ike Barinholtz se débrouille aussi plutôt bien, mais ne se démarque pas autant que les deux autres.
Blockers nous offre un adorable portrait des parents de Miléniaux. Ne sachant pas comment utiliser adéquatement la caméra sur leur téléphone cellulaire, ne comprenant pas la signification des selfies et ne se servant pas correctement des guillemets, ils restent excessivement attachés à leur progéniture et font maints efforts pour les comprendre et les satisfaire. Cette implication des adultes dans le film permet d'élargir le spectre du public cible. Autant les adolescents que leurs parents sauront apprécier les situations extravagantes proposées par Kay Cannon.
Comme dans toutes bonnes comédies de ce genre (Bridesmaids nous avait offert une scène - devenue culte - de caca dans un lavabo), Blockers nous propose une séquence absolument dégoûtante impliquant une importante quantité de vomi. Coeurs sensibles, s'abstenir! La scène est tellement répugnante qu'on se demande si elle était vraiment nécessaire...
Malgré tout, Blockers aurait pu être encore plus imprévisible et absurde. L'effet comique aurait alors été encore plus efficace. On ne retrouve pas, par exemple, la même folie qui dominait Neighbors ou le premier Hangover. D'un autre côté, reste qu'il y a un aspect plus sérieux et touchant dans Blockers que les autres productions éclatées des dernières années n'avaient pas. Plusieurs discussions que les ados ont avec leur parent respectif sont franchement poignantes et d'une grande éloquence. Certaines de ces conversations pourraient même encourager les jeunes à s'ouvrir à leurs parents.
Blockers fait partie de ces divertissements légers de bonne qualité qu'on aime voir apparaître sporadiquement sur nos écrans.