Bon, établissons une chose au départ : la thématique du vampire a été exploitée en long et en large jusqu'à rebuter les plus friands de l'horreur sanguinaire. Déformant le mythe pour servir des intérêts accessoires tels une romance jouvencelle (Twilight) ou un héroïsme secourable (Blade), l'utopie d'immortalité s'est vite transformée en un prétexte malléable aux bénéfices capitalistes. Et pourtant, la légende du buveur de sang est intéressante, riche, surtout dans un contexte épidémique comme dans le cas présent. Mais L'aube des survivants, malgré ses prémisses intrigantes, s'avèrent à l'image de ses récents prédécesseurs : fade et complaisant.
Dans une ville où tous sont devenus des vampires, sauf quelques exceptions qui fuient pour survivre, Edward (voulu : ark, pas voulu : ark), immortel depuis plusieurs années, tente de trouver un substitut au sang humain, qui se fait de plus en plus rare. Lorsqu'il rencontre Elvis, qui a été retransformé en humain après une exposition prolongée au soleil, Edward décide de s'acharner à trouver une cure plutôt qu'un substitut. Mais convaincre les vampires de délaisser leur immortalité pour une existence périssable s'avère être une tâche ardue.
Le postulat de départ est attrayant : une société de vampires au bord de l'extinction qui tente de concevoir un substitut au sang humain. Mais on découvre rapidement les brèches énormes qui parsèment le récit (les immortels n'ont pas de reflet mais peuvent se déplacer à l'ombre d'un arbre) et l'on est sidéré par la tournure clichée des évènements (au moment où tout semble perdu, le héros, qu'on ne soupçonnait pas, sauve la situation, arme au poing). La genèse de cette épidémie planétaire n'est que supposée et les seules disparités entre humains et vampires sont une teinte jaune dans le regard et des canines plus aiguisées. D'établir plus rigoureusement les assises de l'histoire aurait pu permettre au spectateur d'adhérer à l'hypothèse de base et ne pas se heurter systématiquement aux discordances et aux indigences scénaristiques.
De nombreuses scènes sont orientées vers la brutalité, la sauvagerie. Un débat sociétaire aurait pu être développé suite aux « a priori » narratifs, mais de sombrer dans la vulgarité visuelle, dans le bain de sang fétide, est plus commode, moins impliquant. Entre l'horreur et le suspense, le film recèle tout de de même de certains moments d'épouvante efficaces, susceptibles de faire tressaillir le public.
Les Coréens (Thirst), les Français (Les dents de la nuit), les Suédois (Let the Right One In), et j'en passe, ont exploité - de bonne et de moins bonne façon - le monde séduisant des buveurs de sang. Chacun y a mis sa touche, tous ont médité sur le sujet jusqu'à donner la nausée à plusieurs cinéphiles et producteurs. Lorsque le synopsis d'un long métrage débute par : Des vampires (…), la moitié de la population a déjà perdu l'intérêt. Serait-il donc possible de laisser les vampires morts et de s'intéresser à la vie (ou à autre chose du moins)? Question rhétorique j'en ai bien peur puisque l'intérêt d'un film est trop souvent en situation de causalité avec ses profits potentiels.
L'aube des survivants, malgré ses prémisses intrigantes, s'avèrent à l'image de ses récents prédécesseurs : fade et complaisant.
Contenu Partenaire