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Terreur native.
Le cinéma d’horreur actuel pourrait se diviser grossièrement en deux catégories. Celle des séries B à petit budget produites à la chaîne et pouvant aboutir à des franchises qui surfent sur le sursaut facile et des concepts sympathiques mais souvent mal exploités. On pense à « Ouija » ou « Insidious » mais il y a aussi des réussites franches comme « Sinister ». Et il y a celle des films horrifiques d’auteur avec lesquelles Ari Aster (« Midsommar ») ou Robert Eggers (« The Witch ») se sont positionnés comme les fers de lance. Un cinéma de genre plus contemplatif et psychologique faisant la part belle à la réflexion en laissant parfois une partie du public de côté à force de trop mutisme. Et bien « Affamés » prend la tangente en se retrouvant un peu au milieu. Ni film d’horreur lambda pour ados, ni pur film d’auteur à thèse, il prend le meilleur des deux côtés pour nous convier à un petit film terrifiant, humble et original. S’il n’est pas parfait, il nous fait penser parfois à un épisode de luxe et rallongé de l’illustre série « The X-Files ». Il y a pire comme référence...
Scott Cooper que l’on a connu avec des films indépendants de grande qualité comme le polar « Les Brasiers de la colère » ou le très beau western « Hostiles » s’essaie donc au cinéma de genre et se fait produire par Guillermo del Toro. On retrouve des obsessions et des points communs à leurs œuvres dans « Affamés ». La ville minière où se déroule l’action avec son contexte social pauvre rappelle les films de Cooper quand l’aspect fantastique et la créature nous ramènent à del Toro. Cette aspect hybride est parfaitement digéré et le film nous plonge dans son suspense sous tension et malsain avec beaucoup de réussite. Les personnages sont plus fouillés qu’à l’accoutumée mais on ne verse pas dans le pensum prétentieux et les acteurs sont en outre plutôt bien dirigés. Le sous-texte convoquant à la fois l’inceste (une métaphore de cette créature?) et les légendes amérindiennes est fort et original. En bref, la tension est là et le long-métrage évite tous les sursauts faciles pour nous plonger dans une peur plus pernicieuse et violente.
« Affamés » nous fait donc frissonner à plus d’une reprise et c’est le but d’un tel film. On pourra lui reprocher une scène d’explications bien trop longue et démonstrative (avec l’ancien shérif indien) qui annihile un peu le mystère de la créature. De la même manière, si Cooper privilégie la suggestion durant les deux premiers tiers, il se laisse aller à en montrer un peu trop sur la fin. Dommage quand on sait que le pouvoir de la suggestion est bien plus fort que celui des effets spéciaux. Il n’empêche, le monstre du film est peut-être l’une des créations les plus effrayantes et étonnantes du cinéma de genre de ces dernières années. Tendu et sans fausse note, concis mais pas précipité et doté en plus d’une atmosphère dérangeante et d’un contexte fort, « Affamés » est une bonne surprise qui transpire l’amour et le respect pour le genre. A découvrir si l’on veut avoir peur intelligemment mais sans se prendre la tête.
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