IF est un exemple flagrant d'une bonne idée qui a été servie au public avant d'avoir fini de germer dans l'esprit des créateurs. Tout au long de cette proposition imaginative, on ne peut s'empêcher de voir les coins ronds et les culs-de-sac. Le film ne crée pas que la déception, il engendre aussi l'émerveillement et l'attendrissement, mais il y aurait eu tellement plus à faire avec cette maison de retraite d'amis imaginaires qu'on en ressort plus déçu que ravi, malheureusement.
IF suit l'histoire de Bé, une jeune fille de 12 ans, qui visite sa grand-mère, à New York, alors que son père s'apprête à subir une opération au coeur. Ayant perdu sa maman alors qu'elle était petite, Bé a grandi très vite et ne se considère plus comme une enfant depuis longtemps. Un soir, elle aperçoit une créature en rentrant chez elle. Elle la suit et fait alors la rencontre de Cal, un humain qui dit veiller (un peu contre son gré) sur des A.I., des amis imaginaires abandonnés par leurs enfants désormais devenus adultes. Cal lui fait même visiter une maison de retraite où vivent d'innombrables A.I. vieillissants. Bé tentera de retrouver les propriétaires de ces amis imaginaires afin qu'ils se rappellent d'eux. Car même les adultes ont parfois besoin d'un petit soutien magique.
L'histoire est craquante, inventive, ludique, mais aussi, comme on vous le disait, incomplète, et souvent un peu trop mélo. Les fils du récit pendent un peu partout. Il aurait fallu quelques retouches pour que l'ensemble soit plus cohérent et aussi lumineux et émouvant que les créateurs le souhaitaient. Le long métrage familial réussit tout de même à attendrir son public, notamment grâce à Cailey Fleming, qui livre une performance touchante sous les traits d'une jeune fille, entre l'enfance et l'adolescence, qui cherche sa place. Ryan Reynolds, dans la peau d'un être bourru et renfrogné, arrive vite à attirer notre sympathie, tout comme John Krasinski en papa à l'esprit fertile.
Les amis imaginaires du film sont tous (ou presque) créés à l'aide d'effets numériques. Visuellement, c'est impeccable. La visite de la maison de retraite, installée sous un manège de Coney Island, saura à elle seule raviver votre coeur d'enfant. IF est si beau qu'on en oublie parfois qu'il n'est pas aussi bon qu'il aurait pu l'être. Les petits cinéphiles trouveront certainement le duveteux Blue (ni plus ni moins Grosse Douceur) adorable, mais ils ne comprendront pas nécessairement toutes les ramifications de l'histoire, ce qui risque de finir par devenir lourd pour eux.
IF échoue là où Monsters, Inc. avait si bien réussi. Si le film de John Krasinski avait atteint son but, on ne se rabaisserait pas à la comparaison, mais il échoue donc...