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Incendies intimes.
Christian Petzold est devenu depuis une décennie l’un des fers de lance de ce que l’on pourrait décrire comme le nouveau cinéma d’auteur allemand auquel on peut ajouter, par exemple, Maren Ade et son « Toni Erdmann », une œuvre d’ailleurs peut-être un peu trop surévaluée. Une appellation un peu fourre-tout qui regroupe les cinéastes allemands qui ont émergé depuis dix ou vingt ans et percé à l’international, à l’instar de Sebastian Schipper et son incroyable thriller de plus de deux heures tourné en plan-séquence, « Victoria ». Pas vraiment de ponts relie ces auteurs et leurs films, mais ils s’inscrivent dans un renouveau amorcé avec les incontournables « Good bye Lenin! » et « La vie des autres » au début des années 2000 et le succès qu’on leur connait. Perzold a, quant à lui, beaucoup plu grâce à « Phoenix » ou « Barbara ». Ici, c’est le second volet d’une trilogie sur les éléments débutée avec « Ondine » et qui se perpétue avec « Le Ciel rouge », le premier investissant l’eau et le second le feu. D’ailleurs, comme il y a quatre éléments, la terre et l’air seront-ils jumelés en seul et même film dans le dernier volet de son projet? L’avenir nous le dira mais il faut avouer que cette thématique ne semble être qu’un gadget émanant de l’auteur pour contextualiser ses films tant, dans « Le Ciel rouge », cet aspect n’est que contextuel.
En effet, le feu est ici représenté sous son versant dangereux par le biais des feux de forêt dans le nord de l’Allemagne. Triste coïncidence à l’heure où de nombreuses régions du monde sont en proie à des menaces similaires. Si ce n’est la toute fin, ces feux ne seront que très peu au centre des enjeux et des préoccupations des protagonistes. Ils auraient cependant pu (et du?) faire raisonner une certaine conscience écologique. Un angle que l’on ne verra pourtant jamais abordé ici et qui apparentent ces feux à un simple outil scénaristique. « Le Ciel rouge » se révèle au final une petite chronique estivale branchée, comme des tas d’autres films d’auteur, sur les atermoiements amoureux, créatifs et relationnels de ses trois personnages principaux auquel on en ajoutera deux autres qui vont faire avancer le tout. Un film de prime abord léger mais qui va petit à petit - et heureusement - se montrer un peu plus profond.
Le personnage principal est le catalyseur de deux sujets principaux évoqués dans le long-métrage : la frustration et l’égocentrisme. Le miroir de nos sociétés? C’est un pas que nous ne franchirons pas par manque de matière mais qui est plutôt bien évoqué ici. Il y a quelques moments qui font sourire mais on n’est pas vraiment dans une comédie ainsi qu’un final plus dramatique et inattendu qui semble enfin toucher son vrai sujet mais ne fait pas non plus tomber le film dans la catégorie du drame. Dommage que la toute fin nous ressorte encore le sempiternel couplet de l’auteur qui s’inspire de ce qui s’est passé dans le film pour en faire son nouveau roman. On a déjà bien trop vu cette pirouette lassante devenant presque un cliché. Il n’empêche, « Le Ciel rouge » dégage un charme certain et se montre tout à fait agréable. Voir ces cinq personnages interagir dans cette jolie maison balnéaire nous captive bien qu’on n’en gardera pas un très grand souvenir.
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