Le deuxième film de Philippe Falardeau, réalisteur en 2000 de La moitié gauche du frigo, faisait l'ouverture du Festival du Nouveau Cinema cette semaine au Cinéma Impérial. Rencontre avec le réalisateur et l'acteur Paul Ahmarani, qui nous parlent de leur Congorama.
Philippe Falardeau
Dans le dossier de presse de Congorama, le réalisateur et scénariste Philippe Falardeau a réalisé une entrevue avec lui-même. « C’est une manière ludique de parler du film. Je voulais anticiper déjà les questions que les journalistes se poseraient. C’est plus ludique que narcissique, un peu moqueur du monde de l’entrevue, de la dynamique entre le journaliste et le réalisateur, de l’information qu’on veut révéler au bon moment et l’information qu’on veut garder. »
D’ailleurs, les secrets de l’histoire du film sont importants. « C’est trois ans de scénarisation, trois ans à se demander c’est quoi la meilleure façon de raconter cette histoire-là et c'est l'envie de laisser au spectacteur le soin et le plaisir de découvrir l’histoire. » L'action du film se déroule presque également entre le Québec et la Belgique. « Il y a beaucoup de Belges qui m’ont dit que c’était un film très très belge. Un beau compliment parce que quand je suis allé le présenter j’avais peur car je ne voulais pas qu’ils sentent que je portais un jugement sur leur société ou sur eux. Mais au fond c’est le regard d’un Québécois sur une certaine belgitude, comme dans le film c’est le regard d’un belge sur la campagne au Québec. »
« J’avais besoin d’un acteur qui jouait sur un ton très naturel. La première fois que j’ai vu Olivier Gourmet, je pensais que c’était un paraplégique. Je l’ai vu dans National 7 et je ne pensais pas que c’était un comédien. »
Le réalisateur retrouve Paul Ahmarani, la vedette de La moitié gaiche du frigo. « Paul, ça faisait longtemps que je voulais retravailler avec lui, six ans c’était trop long à attendre. Je suis content de lui avoir offert un rôle un peu différent des rôles qu’il a fait avant. C’est un comédien qui peut jouer sur le ton très naturel, qui a une cohérence de jeu qui va faire en sorte qu’on croit au film, qu’on croit en cette histoire qui est assez abracadabrante quand même. »
Après les éloges cannois, où trouver de la satisfaction d'avoir fait un film? « C’est sûr que de voir que le film est comme je voulais le faire c’est déjà très satisfaisant, mais maintenant l’important c’est de voir si le film a un intérêt pour d’autres personnes que moi. Dans les festivals ça a bien été, mais ce n’est pas le test final, le test final ce sera avec le public. Je ne calculerai pas le box-office comme avec une comédie populaire, je pense que c’est sur le temps pour le voir. Il ne faudra pas que les gens se jettent sur les chiffres de lundi pour savoir si Congorama fonctionne. »
Philippe Falardeau souhaite tourner dès l’été prochain l’adaptation d’un roman de Bruno Hébert intitulé Ce n’est pas moi je le jure.
Paul Ahmarani
« Louis Legros est un gémologue, un spécialiste des diamants, qui est supposé aller à Anvers au début du film pour présenter une nouvelle façon de breveter les diamants. Au niveau psychologique, c’est un gars très taciturne, plutôt un solitaire, un peu mysathrope, un peu différent de ce que tout ce que j’ai joué jusqu’à maintenant, ça fait vriament plaisir pour moi d’aller vers un niveau plus minimaliste au niveau du jeu. »
Avez-vous hésite lorsque Philippe Falardeau vous a de nouveau approché? « Non, pas du tout, c’est un ami, premièrement. Le rôle, il l’a écrit pour moi, et quand un scénariste te fait se genre de cadeau-là, c’est très très flatteur. Et Philippe c’est un ami, c’est quelqu’un dont j’admire le talent énormément, autant d’écrivain que son talent de réalisateur. »
« Et c’est aussi un directeur d’acteurs fabuleux. Ça commence à résumer et rassembler pas mal toutes les qualités possibles pour faire un bon film. S’il composait bien la musique il pourrait faire la musique et ça serait à peu près tout. »
Quelle est l'implication du directeur d'acteurs dans votre travail? « Le tout est une fine ligne de liberté et de direction. L’acteur, c’est comme un peintre qui serait occupé à faire une toile très grande, disons comme un mur, mais toujours à deux pieds de distance de la toile. Donc, il a beaucoup de difficulté à en percevoir la perspective. Et le réalisateur, c’est celui à 15 pieds de distance, à qui tu dois faire confiance parce que c’est lui qui a une vue d’ensemble. » « Philippe, c’est quelqu’un qui va vraiment résussir à aller chercher le meilleur des gens. Et sans pression, sans leur faire sentir qu’ils vont mal, qu’il faut qu’ils fassent mieux, non. Il va réussir de façon très humaine à te donner le goût de te dépasser. »
Depuis quelques années, le cinéma québécois a connu sa part de succès. Cette année semblait plus difficile, mais le tout semble se replacer. Où se situe Congorama? « C’est un film qui détonne, je pense. Qui détonne du cinéma québécois, qui détonne de notre culture un peu. C’est un film très international, qui aurait pu être fait un peu partout, mais en même temps il est très ancré au Québec et en Belgique. Il y a un regard sur la ruralité québécoise, dans ce film, qui n’est ni pitoresque, ni mélancolique. »
En janvier, l’acteur sera de la série La job, à l’antenne de Radio-Canada, une adaptation d’une série nommée The Office - qui ne met pas en vedette Steve Carell! – écrite et réalisé par Ricky Gervais et Stephen Merchant, en Angleterre. Un faux-documentaire dans un bureau, avec des personnages « complètement pétés ». « À pisser danss ses culottes! », de clore Paul Ahmarani.
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