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Pleurer la misère
Je dois l'avouer tout de suite, Precious: Based on the Novel Push by Sapphire n'est pas un mauvais film et bénéficie de plusieurs qualités cinématographiques indéniables, mais il appuie tellement son côté misérable qu'il donne l'impression de nous y immuniser plutôt que de profondément venir nous toucher, et pourtant, c'est cela même qui semble avoir tant accrocher une bonne part de la population quand à l'intérêt à apporter à ce film.
Avec Shadowboxer, son film précédent qui était également son premier long-métrage, Lee Daniels avait déjà démontré qu'il accordait un intérêt pour les sujets qui sortent de l'ordinaire et accrochent des tabous, mais également qu'il possédait une belle maîtrise technique fort soignée. Sans s'éloigner, il poursuit sa lancée avec ici Precious: Based on the Novel Push by Sapphire, bénéficiant d'un scénario plus concluant et d'un aussi beau casting, seul défaut? Avoir exagérer l'enrobage.
Déjà, juste au titre du film, il y a de sérieuses questions à se poser. Après tout ce n'est pas la première fois qu'un film se base sur un livre, mais pourquoi ce serait différent dans ce cas-ci au point de l'indiquer de façon indélébile en handicapant du même coup le film de ce titre beaucoup trop long et, avouons-le, quelque peu ridicule? Bah on y voit que le désir d'attirer un large public en évoquant le titre d'un best-seller, mais c'est déjà une technique plutôt malhabile qui illustre finalement de belle manière cette même façon qu'on y a d'utiliser à tort et de façon insistante de nombreux ressorts qui ne servent qu'à extirper abusivement la compassion et les larmes de son public.
Je dois l'avouer, face à tout l'intérêt qu'on semblait annoncer partout au sujet de ce film (il était tout de même supporté par Oprah notamment), j'ai été grandement attiré et habiter d'un grand désir pour découvrir ce petit phénomène. Après tout Sundance a permis une belle visibilité à de véritables bijoux lors des dernières années. Cependant, une fois que j'ai découvert la bande-annonce du film avant la projection d'un film quelconque, ma hâte s'est rapidement retirée. Je sentais déjà en un simple deux minutes toute l'exagération dans le malheur, dans le drame excessif et la misère que le film allait exploiter. Ce, sans parler du slogan du film d'une quétainerie, pas nécessairement assumée: "Life is Hard. Life is Short. Life is Painful. Life is Rich. Life is....Precious." Ouf!
Oui, je suis en accord, le sujet est grave et en ce sens la direction artistique dépeint avec brio la dureté de ce monde dans lequel la jeune Precious vit. Pas de superficialité ici, ce qui est sale l'est vraiment, ce qui est gras est gras, ce qui doit être rebutant l'est également. Monde sombre où la lumière ne passe que très rarement, teint grisâtre ou même le soleil semble fade et une noirceur accentuée pour la peau de la protagoniste lui donnant des airs de malédiction. En ce sens, le générique d'ouverture, si on oublie ce plan sur cette écharpe rouge qui virevolte sous un pont (?) est plutôt ingénieux alors qu'on illustre rapidement la situation de la protagoniste en écrivant les informations selon la phonétique, amenant rapidement l'analphabétisme à l'avant-plan.
Toutefois, pour en contrecarrer la lourdeur tout de même omniprésente, au-delà des touches d'humour présentes ici et là, on ne manque pas de s'évader par-ci et par-là vers la fantaisie même du personnage miséreux. Rêves impossibles, richesse improbable, fantasmes inavouables, on y va dans tous les sens, des airs de divas aux trottoirs diamantés, en passant par les films jusqu'aux photos qui parlent pour lui révéler sa vraie beauté (oui, on va jusque là..). D'accord, ça allège, mais ça ridiculise en même temps et caramélise un film qui surprenait surtout pour son manque de douceur.
Dès lors, le penchant bonbon se fait sentir et on ne pourra plus vraiment s'en sortir, ce, jusqu'à ce (petit) happy end qu'on nous offrira en dernier recours. Il faut dire que dès en partant l'espèce d'ironie qui cohabite entre les nombreuses circonstances de la protagoniste et son nom démontre le manque de subtilité dont le film fait preuve.
Malgré tout à travers tous ces sujets qui donnent parfois envie de se cacher les yeux et de fermer notre esprit pour ne pas confronter autant de calamité, de l'inceste à la violence, du viol à la pauvreté et j'en passe, il faut surélever le fort potentiel de la distribution.
Si Mariah Carey n'impressionne pas tant que ça durant ses dix minutes de gloire où elle se cache derrière un physique dévalorisant et un air blasé et qu'on se demande encore ce que Lenny Kravitz faisait dans tout cela, il faut féliciter la justesse du jeu de Paula Patton et de Gabourey Sidibe qui doivent parfois rivaliser avec des dialogues qui ne leur rendent pas toujours justice. Mention également aux diverses actrices qui interprètent les partenaires de classe qui offrent un penchant humoristique et léger beaucoup plus juste que toutes autres tentatives.
Cependant, la raison principale pour voir le film et la véritable mention qu'il faut accorder au film, c'est la somptueuse, la puissante, l'incroyable performance que livre Mo'Nique qui laisse découvrir enfin tout le potentiel de ses capacités d'actrice. Elle cumule à elle seule tous les moments de puissance, d'intensité, mais également de justesse grâce à toute la complexité qu'elle donne à son personnage, permettant non seulement de la détester, mais de se voir perturber par la vision qu'on en a au fur et à mesure que se dévoilent à nous les véritables motivations d'un tel personnage, soit celui de sa mère qui a tout pour rivaliser et probablement triompher contre toutes les belle-mère des classiques de Disney.
Ainsi on se trouve avec un film à la puissance indéniable et aux intentions louables, sauf qu'en transcendant le drame intense pour l'apitoiement excessif, ce malgré la fin surprenamment optimiste qu'on nous livre, on a de quoi soupirer lorsqu'on récapitule de façon inutile lors d'un dialogue toute la misère du film dans le seul but de faire couler les larmes. Ça c'est de la manipulation qui manque de classe et surtout de subtilité, soit le défaut majeur du film.
On peut tout de même remercier de ne pas avoir transformer le tout en un espèce de "freakshow" maladroit pour ne miser que sur les tabous afin d'attirer l'attention, mais le reste est trop grassement mené pour entièrement convaincre. Immunisé à trop de lourdeurs on finit par ne plus être réellement impressionné par une telle expérience tout de même allégée ici et là et à ne pas adhérer à ce message final qu'on nous livre, soit, de toujours prendre la vie du bon côté, de tout prendre de façon positive malgré tout ce qui peut arriver, ce, même quand rien de pire ne semble pouvoir arriver (il faut reconnaître que TOUS les malheurs semblent s'être abattues inexplicablement sur l'inoffensive Precious, illustrant toutes les injustices de ce monde) et que, malgré tout ce qu'on peut croire et penser, il y a toujours quelqu'un qui nous aime et qui nous accepte pour ce qu'on est que ce soit extérieur ou principalement intérieur. Cheesy et un peu simpliste, il me semble.
En conclusion, un drame intense et trop manipulateur pour être pleinement mémorable auquel on doit accorder la juste réalisation et la direction artistique soignée qui ne néglige rien, en plus des bonnes performances, Mo'Nique en tête de liste, qui parviennent à donner beaucoup de potentiel et de vécu à des personnages grassement écrits devant livrer des dialogues beaucoup trop pré-écrits. Une expérience qui malheureusement ne marque pas et à laquelle on a vite fait le tour.
Pauvre Precious
Un des film les plus touchants,les plus durs et les plus intelligent de la dernière décennie.Les acteurs sont remarquables,surtout Gabourey Sidibe qui est exeptionnelle dans le rôle de Precious.Moi et ma grand-mère sommes allés de Laval à Montréal en métro pour le voir et nous ne le regrettons pas du tout.