C'est plutôt ardu de critiquer un film comme Insurgent, le deuxième opus d'une franchise bien réalisée, bien introduite, qui met en scène des acteurs assez crédibles et qui bénéficie d'une équipe professionnelle de techniciens en effets spéciaux capables de nous livrer un sans-faute sans que nous en soyons étonnés.
Le principal problème réside dans le contenant trop classique, devenu stéréotypé, de la mythologie de la franchise Divergent. Le monde post-apocalyptique dans lequel une société rigide a été instituée où seuls quelques adolescents ambitieux - unique espoir de l'humanité - doivent contrer l'autorité et provoquer le soulèvement d'un peuple n'est pas une trame narrative simpliste, et pourtant elle fait l'objet de bien des productions ces dernières années; The Maze Runner et The Hunger Games en sont les exemples les plus évidents.
On ne peut donc retenir notre dépit en constatant que l'histoire de Divergent se dirige là où toutes les autres sont allées. Mais, il nous est aussi possible de considérer cette tendance à la dystopie au cinéma comme un style et de passer outre leurs ressemblances pour en apprécier la qualité de leur rendu respectif. Nous le ferons parce que Insurgent est magnétique et séduisant, parce que pendant deux heures, il nous maintient au bout de notre siège et qu'on en vient à oublier son cadre stéréotypé et ses jumeaux identiques qui parsèment le grand écran.
Shailene Woodley et Theo James ne sont pas aussi convaincants que Jennifer Lawrence et Josh Hutcherson le sont dans Hunger Games. Les duos ne maîtrisent pas l'intensité de la même manière. On croit beaucoup moins à la détresse de Woodley qu'à celle de Lawrence, qui devrait pourtant être homologue. Même chose pour Theo James, qui est un adolescent torturé beaucoup moins éloquent que Josh Hutcherson. Peut-être est-ce en raison des coupures trop franches dans la trame narrative de l'oeuvre originale, mais le personnage de James change souvent brusquement d'idées, un comportement qui ne cadre pas nécessairement avec la personnalité du protagoniste masculin. Reste quand même que les acteurs principaux de Insurgent nous donnent envie de croire en leur quête et de les suivre jusqu'à la fin; une qualité non négligeable, il va s'en dire.
Esthétiquement, le film de Robert Schwentke n'a rien à envier à ses adversaires. Un univers comme celui de Veronica Roth n'est pas facile à transposer au grand écran, et Schwentke et son équipe ont fait un travail remarquable quant à l'adaptation de ce monde post-apocalyptique au cinéma. La réalisation, les effets spéciaux, les costumes, les décors, les coiffures (peut-être, par contre, que l'intensité du moment où elle se coupe les cheveux au début aurait pu être légèrement revue à la baisse), toute la direction artistique de Insurgent méritent quelques félicitations.
Si vous aviez apprécié Divergent, vous serez comblé par sa suite. Dans la même optique, le suspense de science-fiction est un divertissement compétent qui saura charmer bien des adolescents, amateurs de ce « style » particulier.