* Vu au Festival de Cinéma de la Ville de Québec 2017
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L'équipe du film a beaucoup répété aux journalistes et aux critiques de préciser clairement à leurs lecteurs que Pieds nus dans l'aube n'est pas une biographie sur la vie de Félix Leclerc. En effet, il n'y a pas de chansons, ni de discours politiques ou même de guitare. Le film de Francis Leclerc, inspiré du roman éponyme de son père, raconte une très courte partie de la vie de l'auteur-compositeur-interprète québécois. Le long métrage s'intéresse à une période plus méconnue de son existence, et pourtant charnière et décisive; son enfance sur les rives du Saint-Maurice.
Pieds nus dans l'aube brosse le portrait d'un préadolescent de 13 ans curieux, intelligent et dégourdi, qui fait la rencontre d'un jeune garçon issu d'un milieu défavorisé avec qui il développe une amitié bien particulièrement. Le long métrage s'intéresse aussi à la relation du petit Félix avec son père, interprété par un Roy Dupuis fort et inspirant, et sa mère, jouée par une Catherine Sénart chaleureuse, en pleine possession de ses moyens.
« Il y a des soleils de toutes les couleurs qui pleuvent dans les rues. »
L'action de Pieds nus dans l'aube n'est pas particulièrement excitante, mais, évidemment, ce n'est le but de cette chronique poétique. En revanche, le long métrage est lent, contemplatif, beau et émouvant. On peut aisément ressentir la contribution lyrique et imagée de Fred Pellerin, qui a agi ici à titre de dialoguiste. La qualité des textes permet aux cinéphiles d'embrasser d'autant plus cette histoire du passage à l'âge adulte d'une figure marquante de la culture québécoise. Pieds nus dans l'aube possède cette douceur et cette mansuétude qui permet aux spectateurs de se laisser aisément bercer par son souffle lyrique et sa candeur sucrée. On y retrouve quand même quelques scènes plus brutales - dont cette séquence de l'exécution du cheval avec une masse qui marque les esprits - mais l'ensemble du film est porté par une tendresse réconfortante.
« La ville, c'est un cri que personne n'entend. »
Il faut également mentionner que les paysages sont à couper le souffle. La reconstitution historique, les décors, les costumes; tout a été habilement réfléchi afin de projeter le spectateur dans « l'entre-deux-guerres ». Les jeunes acteurs Justin Leyrolles-Bouchard et Julien Leclerc livrent des performances plus grandes que nature, qui méritent aussi d'être soulignées.
La poésie de Fred Pellerin et celle de Félix Leclerc s'accordent admirablement bien. Et ce lyrisme n'est que décuplé entre les mains agiles de Francis Leclerc. Il faut regarder ce film, le coeur grand ouvert et les yeux remplis d'amour.