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Les reines de Sabbah.
Les sorcières et la mythologie qui les accompagnent semblent être une source d’inspiration intarissable pour le septième art puisqu’on peut les voir apparaître régulièrement sur les écrans. Que ce soit en personnages secondaires comme on peut en compter à la pelle ou comme principal sujet de film. Des « Sorcières d’Eastwick » au récent « Sacrées sorcières » pour les œuvres familiales en passant par « The Witch » ou le totalement dingue, choquant et singulier remake de « Suspiria » par Luca Guadagnino sorti il y a deux ans, le sujet semble inépuisable. Avec « Les sorcières d’Akelarre » on se dirige plutôt vers le versant historique et dramatique du sujet moulé dans le film d’auteur. C’est plutôt rare et c’est intrigant. L’argentin Pablo Aguero entend revenir sur la chasse aux sorcières (et cette expression est devenue commune et usitée pour pas mal d’autres circonstances, ce qui montre l’impact que cela a eu à l’époque) dont furent victimes de nombreuses jeunes femmes à travers le monde sous couvert de religion.
Cette œuvre particulière condamne clairement l’obscurantisme religieux, l’ignorance et la bêtise des hommes en ce temps troubles (le film se déroule au XVIIème siècle) et se mue en un véritable pamphlet féministe pointant du doigt la peur des hommes envers le sexe opposé. Une phrase cristallise tout à fait cela et représente bien le fond du film : « Rien n’est plus dangereux qu’une femme qui danse »… Ou comment la peur, la folie et la lâcheté humaine (et surtout masculine) couplée à des préceptes religieux rétrogrades ont pu engendrer des milliers de morts, jeunes femmes présumées coupables de sorcellerie et brûlée sur des bûchers par des inquisiteurs apeurés. En ce sens, le film est passionnant. Il montre aussi comment le pouvoir des mots et de l’imagination peut tout ébranler dans certains face-à-face entre l’inquisiteur et l’une des prisonnières.
On aurait cependant apprécié que « Les sorcières d’Akelarre » ne soit pas si linéaire dans son propos, se résumant à un procès au nom du roi envers six jeunes filles dans un village. Le film est court et aurait mérité plus de développements, que ce soit dans l’histoire des personnages, jamais vraiment creusés, ou sur la manière dont est née le mythe et la peur de la sorcellerie. On reste donc un peu sur notre faim. De plus le film peut paraître austère et bavard mais c’est en accord avec le sujet. En revanche, Aguero nous offre des images somptueuses et soigne sa réalisation. Cette œuvre semble comme hors du temps et nous offre des plans qui flattent l’oeil (les scènes dans la forêt ou la capture des jeunes femmes) pour terminer sur un final hypnotique. Cette danse de Sabah nous ensorcelle autant que celle tout aussi grandiose mais choquante de « Suspiria ». A découvrir malgré des manques et des imperfections, surtout que l’on peut clairement établir des ponts avec pas mal de situations actuelles.
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