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Pas tant innocents
La cruauté et l'innocence enfantine comme ressort de l'horreur. La lenteur du film pourrait en décourager certains, mais l'attente en vaut la peine. L'épouvante dans ce film emprunte d'autres codes formels que ceux de l'horreur à l'américaine, quasi littéraire, que n'auraient pas renié Edgar Allan Poe et Luis Buñuel. Intéressant !
Jeux d'enfants.
Si vous avez vu la très bonne série B « Chronicle » ou l’un des plus mauvais films de la saga X-Men avec des jeunes mutants (« Les Nouveaux mutants ») et bien le résumé de « The Innocents » risque de vous parler puisqu’on y parle également de jeunes dotés de pouvoirs peu communs (télékinésie, télépathie, ...). Sauf qu’ici, si le sujet a beau être semblable, le traitement, le contexte et les directions prises n’ont strictement rien à voir. On est dans du fantastique scandinave pur et dur, loin du déluge d’effet spéciaux hollywoodien, mais davantage versé dans un certain contemplatif et surtout préférant la suggestion que l’excès d’explications. Et cela à tous niveaux sans pour autant que cela ait une connotation négative, bien au contraire. Ce qui, dès le départ, apporte également une valeur ajoutée à ce postulat quelque peu déjà vu, c’est bien que les innocents du titre soient des enfants, des bambins d’à peine dix ans, loin des adolescents des films cités plus haut.
« The Innocents » a fait sa petite sensation à Cannes l’an passé dans la section Un Certain Regard et au Festival du film fantastique de Gérardmer en récoltant la plupart des principales récompenses. Et c’est amplement mérité pour ce second film de Eskil Vogt après « Blind : un rêve éveillé ». Mérité aussi bien par sa puissance visuelle que par sa force narrative et son pouvoir de suggestion. De la même manière, avec très peu de dialogues, le film en dit beaucoup par des gestes et des regards. S’il n’atteint pas non plus les cimes de la perfection, c’est principalement la faute à une durée trop généreuse (deux heures alors qu’une heure et demie aurait largement suffi) couplé à un rythme parfois monotone. Et comme le cœur de l’intrigue est plutôt léger, le film est parfois à la limite de tourner en rond, alors qu’avec une durée plus raisonnable, il y a fort à parier que le résultat aurait été tout aussi réussi voire plus.
On le sait, diriger des enfants n’est pas une mince affaire. Alors réaliser une œuvre avec uniquement ceux-ci comme acteurs principaux est une gageure. Et Vogt s’en tire avec les honneurs tant sa bande d’enfants joue juste et vrai. Et la petite actrice principale en est l’exemple le plus frappant, une vraie petite comédienne en devenir. Grâce à eux, ces jeux d’enfants que des capacités hors du commun rendent de plus en plus dangereux, deviennent stressants. Le climat est anxiogène, on sent que tout peut basculer d’un moment à l’autre. On n’en saura pas plus sur l’origine de ces pouvoirs, ni la signification de certaines choses et c’est tant mieux, c’est le propre du fantastique. Cela n’empêche nullement le film d’être bon. Il est peut-être juste un peu moins accessible que la plupart des productions actuelles du genre mais il ne sombre pas pour autant dans le film d’auteur chiant (mais il aurait pu). Le duel final est un exemple parfait de maîtrise de l’espace, du temps et des moyens. Une véritable leçon de mise en scène, qui en impose avec rien mais qui débouche sur du grand art. Cette plongée clinique, effrayante et d’un ascétisme visuel calculé dans le monde des enfants vaut le coup d’œil.
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"des jeux d'enfants" vous dites ?
"....prend une sombre tournure et des choses étranges commencent à se produire autour d'eux...." Pourquoi "cette tournure" (qui me semble) tragique plutôt "qu'une tournure à la Zen" ?... nos enfants du FUTUR ne sont pas "préparés" à une tournure à la...ZEN ???