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La face cachée des émotions
Vraiment une belle découverte ce petit film canadien qui s’inspire de The Lobster de Lanthimos pour réfléchir à la manière dont la société gère nos émotions. Ici, une appli valide ou non le ressenti des gens en fonction de leurs objectifs de vie. Annabel n’utilise pas l’appli et vit à fond ses émotions contradictoires pour peindre et s’adonner à la poésie. Après un coup de foudre non-réciproque avec Georges, elle lui donne son coeur et s’inscrit à l’appli pour mieux gérer sa vie.
Les scènes joliment décalées nous font oublier le budget minuscule grâce à des personnages colorés accros à leur appli restrictive et ce petit côté sanglant qui en devient poétique. Kim Albright réussi à nous embarquer dans son délire. Les mosaïques de laine qui entourent le chalet, à l’image des émotions vécues par son propriétaire est un exemple de l’imagination dont fait preuve les autrices (la scénariste et la réalisatrice) pour aller jusqu’au bout de leur sujet.
L’étiquette de comédie romantique qu’on colle au film risque de décevoir les amateurs du genre. C’est plus une fable philosophique sur la manière dont les émotions définissent notre personnalité et nous poussent à faire des choses illogiques en apparence, mais qui font du sens pour nous seuls. La scénariste Julia Lederer a trouvé un moyen simple d’exprimer des idées profondes tandis que Kim Albright les met en scène avec juste assez de fantaisie pour que la métaphore nous atteigne sans devenir pesante. Le film dure juste 1h30 et chaque scène trouve sa place jusqu’à la conclusion belle et touchante.
J’allais voir Civil War et j’ai opté pour ce petit film au synopsis intéressant. J’étais seul dans la salle malheureusement. Le film a peu de recension dans les médias québécois. Dommage parce que c’est une vraie pépite.