L'errance invisible
Lise Bonenfant s'est donc infiltrée à La Grande Marelle, la maison d'hébergement pour femmes sans logis du YWCA. Pendant un an et demi, elle s'y est périodiquement présentée avec une équipe de tournage dans l'espoir que quelques-unes s'ouvrent. On pense que c'est du monde sur le B.S. En fait, il y a des femmes de tous les milieux. Ça pourrait arriver à n'importe qui (...) Ce n'est pas ce qu'on pense nécessairement. Elles ont eu une série d'épreuves, du harcèlement, de la violence, expose-t-elle. Le «fond de violence» est récurrent. Il s'agit de femmes qui ont erré d'institutions en logements précaires. Elles ont habité chez des parents et des amis. Les femmes rencontrées accumulent durant des années, puis explosent : C'est comme si ça avait coupé le sang dans mes veines. Je n'ai pas été capable de réagir, lui racontait l'une d'elles. Elles sont en état de choc.