Cela faisait un bon moment que nous n'avions pas entendu parler de Céline Dion lorsqu'elle a annoncé par l'entremise d'une vidéo partagée sur ses réseaux sociaux qu'elle était atteinte du syndrome de la personne raide (SPR). Cette maladie rare, qui affecte le système nerveux central, s'est rapidement retrouvé au coeur des discussions à travers le monde. Bien décidée à sortir de son isolement et à cesser de mentir à son public sur sa condition, la diva québécoise a demandé l'aide d'une réalisatrice américaine nommée aux Oscars, Irene Taylor, pour raconter son histoire de la façon la plus vraie et brute possible.
Si, parfois, les documentaires biographiques sont enrobés d'une importante couche de glamour, ce n'est pas le cas avec Je suis : Céline Dion. La chanteuse y apparaît la plupart du temps sans maquillage, ne cache pas ses émotions à fleur de peau et ouvre les portes de sa luxueuse demeure à Las Vegas (montrant notamment l'immense salle de jeux vidéo de ses jumeaux et son mur de chaussures). Céline nous amène aussi dans l'entrepôt où elle garde précieusement toutes ses tenues de spectacles, ainsi que toutes les choses ayant appartenu à ses enfants, du moindre petit dessin jusqu'aux modules de jeux gonflables. Il y a aussi quelques moments moins à propos et assez futiles, notamment concernant sa participation à un film sur le chanteur John Farnham.
Évidemment, malgré quelques détours, le principal intérêt de cette ingérence dans la vie de la chanteuse est son problème de santé. La réalisatrice commence par nous situer, nous apprenant notamment quand Céline Dion a ressenti les premiers symptômes et comment la maladie a évolué jusqu'à la rendre inapte à performer sur scène. Parsemés d'images d'archives, dont plusieurs en français, et de parcelles de son quotidien relativement ralenti, Irene Taylor brosse d'abord un portrait assez sage de la situation, mis à part quelques confessions confrontantes de la star, notamment concernant sa prise de médicaments. Mais, elle avait gardé le plus dur pour la fin. Dans la dernière demi-heure du long métrage, la cinéaste ose présenter une crise vécue par la chanteuse, sans montage, ou presque. Ces quelques minutes sont d'une violence inouïe, tellement que plusieurs personnes ont fait des chocs vagaux lors de la première à Montréal (un message d'avertissement a été ajouté au début du film). Heureusement, il sera possible pour les cinéphiles plus sensibles d'interrompre leur visionnement s'ils se sentent fragilisés avec les convulsions de l'artiste : les plateformes offrent cet avantage.
Impossible de terminer ce long métrage sans éprouver immensément de compassion et d'admiration pour cette femme qui a perdu ce qu'elle chérissait le plus (en dehors de ses enfants et de sa famille) : sa voix. Sa popularité l'a plongée dans une forme de réclusion déconcertante, et on ne pourra plus jamais voir la chanteuse québécoise de la même manière désormais, qu'on apprécie son oeuvre ou non.