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Télé France 1 ou TF1.
Autant le dire tout de suite : voilà un long-métrage dont on a bien du mal à dégager un avis clair. Après ces deux heures de bobine, difficile de dire si on a aimé ou pas. En effet presque tous les versants du film prêtent à confusion et rendent notre appréciation que partagée. On ne sait pas si c’est ridicule ou passionnant. Si le trait est d’une finesse rare ou s’il est particulièrement grossier. Si la tête d’affiche Léa Seydoux, de tous les plans et souvent en pleurs, est excellente ou agaçante. Si la mise en scène peu commune de Bruno Dumont est de l’ordre du surprenant et de l’incroyable ou si elle n’est ni faite ni à faire et poussiéreuse. En bref, après avoir vu « France » on est quelque peu hésitant sur les qualités et les défauts qu’on peut lui attribuer. En tous les cas, il ne laisse pas indifférent et ce n’est vraiment pas une œuvre facile d’accès et tous publics, coincée entre une envie de cinéma populaire et les tics et habitudes du cinéma d’auteur de son réalisateur.
On n’attendait déjà pas le cinéaste nordiste se lancer dans une satire qui tire à boulets rouges sur les médias tout en dressant parallèlement le portrait d’une journaliste star et de sa déchéance. Lui qui aime à filmer les petites gens et les films d’époque, il se lance dans un sujet ô combien actuel et polémique sur lequel on n’aurait jamais pensé à lui. C’est une surprise et il s’accommode plutôt bien de ce nouvel horizon avec un regard sans pitié faisant ressembler « France » à une diatribe sans concession sur l’univers des médias et de l’info spectacle. La première partie, la plus réussie, est à ce sujet éloquente. Le monde de l’audiovisuel et des journalistes en prennent pour leur grade. Mises en scène, mensonges, course à l’Audimat, manipulations, hypocrisie, déconnection de la réalité, ... Ce si beau métier qu’était le journalisme dans le temps est ici montré sous ses aspects les moins reluisants. Il enfonce parfois des portes ouvertes, la charge peut paraître lourde et sans nuances mais elle fait du bien. Même si les deux se mêlent plutôt bien, la seconde partie est davantage dirigée sur la vie personnelle de France De Meurs et sa chute. Plus consensuelle, elle intéresse moins et s’étire plus que de raison.
Et on sent bien que les plus de deux heures de « France » sont excessives. Toute la deuxième partie se couvre de séquences trop étirées mais surtout de moments inutiles et de sous-intrigues peu intéressantes voire complètement hors sujet (la romance un peu ridicule entre France et un journaliste infiltré qui dénote du reste). Les digressions étranges de Dumont ne sont guère étonnantes vu son cinéma mais dans ce type de sujet ancré dans la réalité, tout cela sonne parfois bizarre, entre l’intemporalité et le décalé. Léa Seydoux joue son rôle à la perfection mais à force de la voir pleurer la moitié du temps, cela devient pénible. Quant à la réalisation, elle ose des plans un peu tordus, notamment dans les scènes de voiture, et une imagerie datée qui colle mal au côté ultra-contemporain du sujet. « France » en devient un objet bizarre, inégal et inclassable dont les meilleurs moments sont ceux sur les coulisses du journalisme, particulièrement salés et jubilatoires. Sinon, comme le film s’essouffle et se dégonfle comme une baudruche plus il avance, on est content quand cela se termine.
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