La fille à un million de dollars est un film puissant, qui frappe fort et qui jette au tapis sans avertir. Je lui en veux presque pour ça. Eastwood crée de la puissance et l'insuffle à son film sans prévenir, alors que La fille à un million de dollars n'est pas un film sur la boxe. De toute façon, on a trouvé le vrai « meilleur film de l'année » et c'est sans équivoque.
Il ne fait aucun doute que La fille à un million de dollars est le film le plus puissant de l'année. Parce que sa réalisation minutieuse porte bien le récit, fascinant, d'une boxeuse trop vieille pour ce genre de choses. En plus c'est une fille.
Eastwood filme la première partie comme un drame sportif, parfois drôle, parfois déchirant. Une caméra pointilleuse montre donc, met en place, avec intelligence les trois personnages principaux du film, leur habitat et effleure leurs possibles interactions. Cette première partie a une puissance latente qui ne sort au grand jour (voir la lumière, plus bas) qu'au combat final, saturé d'intensité déconcertante et qui, franchement, pousse dans les cordes. Ce faîte porte l'élégance et la force de Raging Bull (Scorsese, 1980) sur les écrans de 2004. La seconde partie, plus intime, va plus profondément dans les relations interpersonnelles, resserre les liens et, doucement, laisse aller toute la puissance accumulée depuis le début du film, un exemple impressionnant de structure infaillible. Il ne faut pas parler de cette dernière partie, ni chercher à la deviner pendant le film, parce que l'ignorance rend vulnérable - l'expérience cinématographique n'est que plus satisfaisante alors. Un mot sur la finale, tout de même, d'une sensibilité rare et qui frappe droit au ventre, qui coupe le souffle. Beau, tout simplement.
Et que dire de cette lumière? Omniprésente, elle s'oppose à l'ombre et sélectionne les parties de l'image qu'elle va montrer, elle s'adapte aux émotions qui se dégagent de l'ensemble, elle ne montre souvent qu'un seul côté du visage, comme si les personnages avaient quelque chose à nous cacher. Elle prouve l'immense travail de l'image effectué sur ce 25e film de Clint Eastwood derrière la caméra (Unforgiven, Mystic River).
On parle souvent de la performance de Hilary Swank, très impressionnante dans son rôle de Maggie Fitzgerald, mais peu de la performance tonitruante de Eastwood. La vedette de Le bon, la brute et le truand (Leone), même si son personnage ressemble à plusieurs autres hommes déchirés par la vie présentés au cinéma, est toujours juste et offre un appui considérable, en fait, à Swank. Difficile de croire qu'elle aurait pu être aussi efficace sans lui. Morgan Freeman, dans un rôle de soutient et de narrateur, ajoute à l'effet dramatique et détend l'atmosphère - en alternance, bien sûr – avec toute la détermination de son expérience. Aucun d'eux n'est mélodramatique ou répétitif, ils forment tous les trois un groupe d'acteur très talentueux et se supportent efficacement entre-eux.
La fille à un million de dollars est un beau film, vibrant d'émotion brute et tonitruant dans tous les aspects techniques. Espérons que l'Académie reconnaîtra sa force lors de la remise des Oscars, que la valeur de ce film sera justement soulignée. Eastwood la légende-vivante frappe encore, il a gardé toute sa vélocité et la puissance de son film le prouve. À voir, de préférence si on déteste la boxe, mais à voir au plus vite.
La fille à un million de dollars est un film puissant, qui frappe fort et qui jette au tapis sans avertir. Je lui en veux presque pour ça. Eastwood crée de la puissance et l'insuffle à son film sans prévenir, alors que La fille à un million de dollars n'est pas un film sur la boxe. De toute façon, on a trouvé le vrai « meilleur film de l'année » et c'est sans équivoque.